RELATIONS INTERNATIONALES-
PALESTINE- PALESTINE/SIONISME/ CHRONOLOGIE D’UNE COLONISATION
©Farida
Larbi/El Moudjahid, Jeudi
16 Novembre 2023
Au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Palestine est sous mandat
britannique. Les tensions sont tendues entre Britanniques et sionistes. Les
forces sionistes revendiquent un État juif et une levée de l’immigration afin
de faire venir en Palestine les survivants de la Shoah. Incapables de régler le
conflit avec les Juifs, les Britanniques décident de porter la question
palestinienne devant l’Organisation des Nations unies. Le 29 novembre 1947,
l’Assemblée générale des Nations unies vote le plan de partage de la Palestine
en trois entités : un État juif, un État arabe, et Jérusalem placée sous
contrôle international. Le Yishouv - communauté juive
en Palestine -, danse dans les rues. À cette effervescence contraste la colère
des Arabes de Palestine, pour qui cette résolution représente une grande
injustice. Durant plusieurs mois, une guerre oppose les deux peuples. Attentats
et massacres se succèdent et suscitent l'inquiétude de l'opinion
internationale. Au moyen d'une stratégie militaire efficace, les Juifs
finissent par l’emporter. En mars 1948, le plan Daleth d’épuration ethnique est
mis en œuvre. La moitié de l’expulsion se produit ainsi avant la première
guerre israélo-arabe. L’État d’Israël est proclamé le 14 mai. Le lendemain
éclate la première guerre israélo-arabe à l’initiative des pays arabes voisins.
Israël occupe 78 % de la Palestine mandataire. Au total, 400 villages arabes
sont détruits, entraînant un exode de 800.000 Palestiniens, c’est la Nakba, la
catastrophe. L’Assemblée des Nations unies vote le 11 décembre la résolution
194 qui « décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de
rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible. » Résistances palestiniennes :
En 1964, il y a eu la création à Jérusalem de l’Organisation de libération de
la Palestine (OLP) sous l’égide de l’Égypte. C’est en 1965 qu’a été organisée
la Première opération armée du Fatah en territoire israélien. Et c’est en 1967
qu’a éclaté la Troisième guerre israélo-arabe déclenchée par Israël, dite « des
Six Jours ». Occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de Gaza ainsi
que du Golan syrien et du Sinaï égyptien. Les Israéliens proclament Jérusalem
unifiée la capitale d’Israël. Exode de 200.000 Palestiniens et de 150.000
Syriens du Golan et le début de la colonisation de la Cisjordanie. La
résolution 3379 de l’Assemblée générale de l’ONU assimile le sionisme à une
forme de racisme et de discrimination raciale. Le 30 mars 1976, une nouvelle vague
d’expropriation de terres provoque une importante manifestation et une grève
générale. Celle-ci est violemment réprimée. En mémoire, la « journée de la
Terre » est consacrée chaque année à cette date. Une année après
, en Israël, victoire électorale du Likoud et intensification de la
colonisation. Menahem Begin affirme sa volonté de réaliser «Eretz Israël», soit le « Grand Israël ». Entre 1987
et 1989, Première « Intifada » dite « la révolte des pierres », une résistance
populaire qui durera plus de quatre ans. La répression par l’armée israélienne
entraîne la mort de plus de 2.000 Palestiniens. 1988 : Lors de la 19e session
du Conseil national palestinien, l’OLP proclame l’État indépendant de Palestine
à Alger.
Le temps des négociations :En 1993, les Accords dits « d’Oslo
», suite à des négociations secrètes entre l’OLP et le gouvernement Rabin
mettent fin à la première Intifada et à l’Installation de l’Autorité nationale
palestinienne (OLP) à Ghaza et Jéricho. En 1996, il y
a eu la Création et élection du Conseil législatif palestinien. Yasser Arafat
est élu président de l’OLP, qui supprime de la Charte nationale palestinienne
les articles mettant en cause l’existence d’Israël. Victoire électorale de
Benyamin Netanyahou (Likoud), sa politique consiste au redéploiement israélien
à Hébron et à l’intensification de la colonisation à Jérusalem-Est. En 2000, la
provocation d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées conduit à la seconde
Intifada. Israël détruit les installations de l’Autorité palestinienne à Gaza.
De nombreux attentats suicides ont lieu en Israël. Ariel Sharon rejette
l’initiative de paix arabe adoptée à l’unanimité par les États de la Ligue
arabe. L’opération « Rempart » mène à la réoccupation brutale des zones
autonomes palestiniennes. Début de la construction du « mur de séparation ».
George W. Bush conditionne la création d’un État palestinien à une « direction
palestinienne nouvelle et différente ». L’Union européenne (UE) place la
branche politique du Hamas sur la liste des « organisations terroristes ». En
2005, Mahmoud Abbas est élu président de l’OLP. Israël se retire de la bande de
Gaza dont il contrôle néanmoins toutes les issues, la transformant en ghetto.
En 2006, victoire du Hamas aux élections législatives dans les Territoires occupés.
Malgré la reconnaissance de la loyauté du processus électoral, l’UE suspend son
aide à l’OLP. Israël suspend la rétrocession des droits de douane à l’OLP.
L’armée israélienne lance les opérations « Pluie d’été » contre la bande de
Gaza et « Punition adéquate » contre le Liban.
La
colonisation continue en totale impunité : En 2008, Israël reprend les
assassinats extrajudiciaires de membres du Hamas qui ripostent par des tirs de
roquettes. Opération « Plomb durci» contre la bande de
Ghaza. L’armée israélienne fait usage d’armes
prohibées contre les habitants de Ghaza et attaque la
Flottille de la liberté initiée par le mouvement international de solidarité
avec le peuple palestinien en vue de briser le blocus de Ghaza.
Benyamin Netanyahou remporte les élec tions sur le
programme «Non à un État palestinien» en 2015. La
colonisation israélienne se poursuit. Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la
résolution 2334 condamnant, comme en 1980, la colonisation israélienne dans les
Territoires palestiniens occupés. Le gouvernement israélien, l’armée et les
colons accélèrent les violences. Les Palestiniens, par des mobilisations non
violentes, font reculer le pouvoir. Ils obtiennent notamment le retrait des
portiques de contrôle aux entrées de l’esplanade des Mosquées. Le Président des
États-Unis, Donald Trump, reconnaît Jérusalem capitale d’Israël mais
l’Assemblée générale de l’ONU désapprouve, à une large majorité, cette
reconnaissance unilatérale.
Colonisation
et discrimination :
Le 30 mars à l’occasion de la journée de la Terre en Palestine, journée de
protestation contre la confiscation des terres palestiniennes par Israël
commencent les « Grandes marches du retour » à Gaza. Ces manifestations
organisées chaque vendredi jusqu’en décembre 2019 sont violemment réprimées par
l’armée israélienne. 348 Palestiniens ont été tués par des tirs de l’armée
israélienne et 7.800 autres ont été blessés par balle, d’après l’Organisation
mondiale de la santé (OMS). En mai, les États-Unis inaugurent officiellement
leur ambassade à Jérusalem et Israël promulgue la loi dite de « l’État-nation
du peuple juif » qui fait de la colonisation une valeur nationale à encourager
et prend des mesures discriminatoires à l’égard des Arabes israéliens qui
représentent 20 % de la population, retirant notamment à l’arabe son statut de
langue officielle au même titre que l’hébreu. Le gouvernement d’union de
Benyamin Netanyahou et Benny Gantz déclare qu’Israël
prévoit d’annexer, en juillet 2021, la vallée du Jourdain et les colonies
situées en Cisjordanie. Le 15 septembre, les Accords d’Abraham, « traités de
paix » signés entre les Émirats arabes unis (EAU), le Soudan, le Bahreïn, le
Maroc et Israël, sous la supervision étatsunienne, en vue de « normaliser » les
relations entre certains dirigeants arabes et Israël. Cette normalisation fut
suivie par des agressions israéliennes envers le peuple palestinien : nettoyage
ethnique et expulsion de familles palestiniennes de Jérusalem-Est, répression
des fidèles de la mosquée d’Al Aqsa, actions
violentes de groupes sionistes envers de jeunes Palestiniens, offensive
israélienne dans la bande de Gaza. Depuis 1967, l’assemblée générale de
l’Organisation des Nations unies (ONU) a voté pas moins de onze résolutions
condamnant l’occupation de la Cisjordanie et les atteintes aux civils : en
février 2023, le Conseil de sécurité de l’ONU a encore déploré le non-respect
de ces résolutions et « l’expansion des colonies de peuplement ». Aujourd’hui
le massacre continue et le peuple palestinien subit un véritable génocide avec
l’assassinat de près de 6.000 enfants. L’histoire des Palestiniens remonte loin
dans le passé du Proche-Orient. Mais l’histoire tragique du peuple palestinien
prend racine dans le désir du peuple juif de créer son propre pays sur un
territoire déjà occupé et dans des promesses contradictoires des puissances
coloniales. Le désir de création d’un État juif commence à se manifester à la
fin du XIXe siècle et s’accélère à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.