ENERGIE- ETUDES ET ANALYSES- PETROLE ET CONDENSATS
AFRIQUE FIN 2023-2024/ ETUDE ACE
La Chambre africaine de l’énergie (ACE) s’est attelée à une lecture de ce qui
attend le marché pétrolier durant ces derniers mois de 2023 et en 2024.
L’année qui est en train de s’achever n’est pas aussi florissante que celle
qui l’a précédée. Toutefois, 2023 constitue un exercice qui aura permis à
l'Afrique, sur le plan de l’industrie pétrolière, d’être en phase avec les
autres continents comme l’illustre l'évolution des flux de trésorerie
disponibles à court terme (le flux de trésorerie mesure l'argent qu'une
entreprise encaisse contre ce qu'elle dépense), selon l’ACE qui annonce que
tous les projets africains dans le domaine du pétrole devraient générer des
flux de trésorerie disponibles cumulés d'environ 55 milliards de dollars US en
2023, ce qui correspond à peu près aux niveaux d'avant la pandémie de 2018. Le
rebond après l'onde de choc de la pandémie de 2020 a conduit à une augmentation
des flux de trésorerie disponible à près de 95 milliards de dollars en 2022,
ces flux étaient de moins de 20 milliards de dollars en 2020, selon les comptes
de la Chambre africaine de l’énergie. Les 10 premières compagnies pour les
années 2023-2024 en termes de génération de flux de trésorerie, ou cash flow libre, en Afrique comprennent un groupe formé par
Sonatrach (Algérie), NOC (Libye) et la Nigerian
National Petroleum Corporation Limited (NNPC) du Nigeria, suivies de
l’angolaise Sonangol et des grandes compagnies comme
ENI, TotalEnergies, ExxonMobil, Chevron, Shell, BP et
la joint-venture de ENI-BP activant en Angola Azule
Energy. Si la reprise de la production est l'un des principaux générateurs de
cash-flow libre en Afrique, les participations des majors dans des blocs en
Algérie ou les partenariats avec des majors sur de nombreux blocs de production
au Nigeria et en Angola, ont été également pour beaucoup dans l’augmentation
conséquente des flux de trésorerie des compagnies nationales africaines. Ceci
en plus, bien entendu, de la formidable montée des prix du brut, explique
l’ACE.
Pour ses perspectives en 2024, l’institution africaine annonce que la
production mondiale de pétrole et de condensats devrait être légèrement
supérieure à celle de 2023. Le Moyen-Orient et les Amériques étant à l'origine
de la majorité de l'offre à court terme, précise-t-elle avant de prédire que la
variation du stock moyen ou l'équilibre entre l'offre et la demande sur la
période allant du 2ème semestre 2023 devrait être d'environ 2,15 millions de
barils par jour (bpj), tandis qu’en 2024, elle devrait être beaucoup plus
serrée, la différence étant ramenée à environ 1 million de bpj, selon les
estimations de la Chambre qui, sans être originale, prédit que, «la
contribution des pays membres de l'Opep à la
production africaine restera dominante, même à long terme». Alors que les
perspectives mondiales pour la production de pétrole en 2024 devraient être
marquées par «une croissance marginale», l'Afrique
devrait rester relativement stable à environ 6,77 millions de bpj en moyenne
sur les deux années 2023 et 2024, de l’avis de l’ACE. Ainsi, la contribution
mensuelle de l'Afrique à la production mondiale devrait également rester
inchangée, à environ 8% des volumes totaux. «Cependant,
prévient la Chambre, les perspectives de production mensuelle pour l'Afrique en
2024 devraient être une baisse progressive et marginale d'environ 6,9 millions
de bpj en janvier 2024 à environ 6,62 millions bpj en décembre 2024».
Les pays membres de l'Opep en Afrique, ainsi que
l'Égypte, le Tchad et le Ghana devraient être les principaux moteurs de la
croissance de la production de pétrole et de condensats en Afrique au cours des
prochaines années. En effet, les membres de l'Opep —
le Nigeria, la Libye, l'Algérie et l'Angola — constituent les quatre principaux
producteurs en Afrique pour les deux années avec des productions respectives de
1,45 million bpj, 1,29 million bpj, 1,19 million de bpj et 1,1 million de bpj
pour l'année 2023 et 1,51 million de bpj, 1,31 million de bpj, 1,18 million de
bpj et 1,01 million de bpj respectivement pour 2024. La production de l'Égypte
— qui devrait compléter les cinq premiers producteurs d'Afrique pour les deux
années — est estimée à environ 560 000 bpj et 520 000 bpj pour les années 2023
et 2024, respectivement.En ce qui concerne les
principaux producteurs de pétrole et de condensats en Afrique à court terme, ce
sont les compagnies nationales, soit en étant les principaux acteurs, comme
dans le cas de l'Algérie avec la compagnie Sonatrach, ou en tant que
partenaires dans des joint-ventures avec des majors comme dans le cas du
Nigeria, qui devraient être les principaux producteurs de pétrole et de
condensats en Afrique, à court terme donc. Les grandes compagnies pétrolières
internationales comme Shell Plc, TotalEnergies, ENI
(toutes les trois indépendamment ou en tant qu'entreprise commune avec les
compagnies nationales, par exemple), forment le deuxième segment de producteurs
de pétrole en Afrique. Quoi qu’il en soit, les pays africains membres de l'Opep étaient, sont et devraient rester les principaux
producteurs de liquides sur le continent. «L'appartenance
au cartel de l'Opep garantit le statut de pays
exportateur de pétrole, mais cette appartenance doit s’accommoder de certaines
règles, en particulier en période de trouble du marché. Ces réglementations
impliquent parfois des ajustements de l'offre ou de la production, où les pays
membres se voient attribuer des quotas de production et sont censés réduire
volontairement leur production dans le cadre de ces réductions, comme c’est le
cas de la période post-Covid en cours. Ces réductions
sont prescrites par le cartel pour contrôler l'équilibre entre l'offre et la
demande au niveau mondial et pour contrôler une situation de marché volatile ou
irrégulière, une situation de marché où les prix sont irrégulièrement élevés ou
bas. La Chambre africaine de l’énergie estime que l’adhésion de l'Algérie aux
réductions de l'Opep en 2023 et la maintenance
principalement en Angola et au Nigeria sont à l'origine de près de 60% des
perturbations de la production en Afrique en 2023. En ce qui concerne les pays
à l'origine des interruptions de production, deux pays — l'Algérie, avec ses
coupures réglementaires planifiées et le Nigeria avec ses arrêts non planifiés
et ses activités de maintenance — sont estimés être à l'origine de près de 90%
de l'approvisionnement total perdu en raison des interruptions de production.
Le reste des arrêts de production provient de l'Angola et de la Guinée équatoriale
où les volumes cumulés perdus sont estimés à 25 000 bpj en moyenne sur 2023.
Pour 2024, le déficit est estimé à 1,9 million de bpj, selon les calculs de
l’ACE. Le scénario de base estimé pour le prix du baril de Brent pour le
troisième trimestre 2023 est en moyenne de 84 dollars et de 87 dollars pour le
quatrième trimestre 2023. Pour 2024, le Brent est estimé à un prix moyen de 86
dollars le baril en raison des perspectives de demande plus fortes qui
resserrent les équilibres mondiaux de l'année prochaine.