COMMUNICATION-
ETRANGER- RAPPORT FRANÇAIS/INFORMATION/ENQUETE NPA 2023
Un intérêt qui persiste pour l’actualité nationale et internationale, une
confiance dans les médias qui tend à s’éroder mais reste forte pour la presse
écrite : telles sont les conclusions de l’étude NPA Conseil et Harris
Interactive sur les Français et l’information.
Alors que
depuis son rachat l’an dernier par Elon Musk, Twitter est devenu le réseau
social comportant « le plus grand ratio de messages de désinformation » couplé
à un nombre de publications antisémites multiplié par 2 et d’insultes racistes
par 3 ; alors que depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas en Israël, on
assiste à une guerre de l’information dans laquelle on a vu circuler de fausses
informations voire des photos générées par intelligence artificielle
; alors que la confiance s’érode entre les citoyens et les médias – 54 %
des Français pensent que « la plupart du temps il faut se méfier de ce que
disent les médias sur les grands sujets d’actualité » selon le dernier
baromètre Kantar – NPA Conseil et Harris Interactive viennent de publier ce jeudi une grande enquête
sur les Français et l’information. Il en ressort que Les Français sont
massivement favorables à l’éducation aux médias et à la labellisation des
sources fiables.
Les Français aiment l’information
« Alors que
les interrogations se multiplient sur la fatigue informationnelle dont
souffriraient les Français, et sur les comportements de fuite devant
l’information que celle-ci provoquerait, ils se disent à plus de 70 %
intéressés par l’actualité nationale ou internationale. Mais ce chiffre global
recouvre un écart important entre plus de 35 ans (77 %) et moins de 35 ans (55
%) », analyse NPA, qui note le même « décalage générationnel » que le baromètre
Kantar publié en janvier.
Ainsi «
télévision, radio et sites de médias sont au global les trois sources les plus
utilisées pour s’informer. Si l’on y ajoute la presse écrite, ce sont 85 % des
Français qui s’informent de manière privilégiée auprès de leurs rédactions. »
Mais « les réseaux sociaux sont cités comme source prioritaire par 11 % des
Français, pris dans leur ensemble, mais par plus d’un quart des moins de 35 ans
(27 %), et par près de 20 % de ceux qui se disent assez peu ou pas du tout
intéressés par l’actualité (19 %). »
La confiance davantage accordée à la
presse et à la radio
« Presse et
radio partagent le plus haut niveau de confiance chez l’ensemble des Français
(73 %), suivis de peu par la télévision (69 %). À l’inverse, près de trois
Français sur quatre affirment ne pas avoir confiance dans les réseaux sociaux
(le niveau de confiance monte à 45 % chez les moins de 35 ans) » observe NPA.
En revanche,
« en termes de dynamique, presse écrite et radio sont les mieux préservées par
le recul de la confiance qui affecte l’ensemble des médias, avec une « perte
nette » (confiance diminuée – augmentée) inférieure à 15 points. Télévision et
sites d’information se situent à un niveau intermédiaire (-20 points environ).
Pour les réseaux sociaux, le solde entre confiance perdue et confiance gagnée
témoigne d’une baisse de confiance de presque 40 points, et le recul reste de
20 points chez ceux qui les utilisent prioritairement. »
Les pratiques de fact-checking
(vérification) sont loin d’être acquises
Dans un
océan de fake news qui circulent sur les réseaux sociaux, les
Français peinent à adopter les usages permettant de dépister les infox, alors
même que plusieurs médias ont mis en place des services et des rubriques
de fact-checking, de vérification
des informations (Factuel de l’AFP, Checknews de
Libération, Les décodeurs du Monde, ou Le fil désintox
auquel participent 80 titres de presse français dont La Dépêche du Midi).
« Sur la
qualité de la source, qu’il s’agisse du média ou de l’auteur, ils ne sont que
42 % à vérifier au moins occasionnellement à qui appartient le média, 33 % le
nom du signataire et 25 % s’il est bien journaliste. Moins d’un Français sur
cinq a l’habitude de recouper les informations qu’il
reçoit avec une deuxième source. Alors que l’IA multiplie les possibilités
de manipulation des images et des sons, moins d’un Français sur dix a souvent
le réflexe de rechercher un trucage éventuel (39 % occasionnellement) »,
analyse NPA.
Par
ailleurs, une étude récente de chercheurs américains a montré que le fact-checking, s’il n’est pas totalement inutile, a des effets
limités puisque l’adhésion partisane à la croyance est 5 fois plus puissante
que l’effet des corrections.
Les Français favorables à l’éducation
aux médias et à la labellisation
Pour
améliorer cette situation et retrouver davantage de confiance entre médias et
citoyens, NPA met en exergue deux initiatives : l’éducation aux médias et la
labellisation des sources. « La voie de la labellisation des sources, produites
par des journalistes et en respectant les standards de la profession, recueille
un large assentiment des Français, quel que soit leur âge (73 % de plus de 35
ans ; 70 % des moins de 35 ans) et quel que soit leur média de prédilection »,
explique NPA.
L’intégration
de l’éducation aux médias aux programmes de l’Éducation nationale est,
elle, approuvée par plus de 80 % des Français… qui ignorent que c’est déjà le
cas. « Plus de trois quarts des Français (77 %) ignorent que l’éducation aux
médias est officiellement inscrite parmi les enseignements dispensés en classes
primaires et secondaires depuis janvier 2022 », souligne NPA.