CULTURE- MUSIQUE- SID AHMED SERRI
Le professeur Sid Ahmed Serri
(1926- 15 novembre 2015), un des piliers de la musique andalouse dans sa
variante Senaa, a consacré sa vie pour la
préservation de ce patrimoine ancestral et identitaire et sa transmission aux
générations futures.
.Né
à la Casbah d’Alger en 1926, dans une famille de mélomanes, Sid Ahmed Serri était connu, depuis son enfance déjà, pour sa passion
et son amour pour la mélodie andalouse dans ses belles variations modales et
ses cadences rythmiques irrégulières. A quatre ans, il fut inscrit à l’Ecole
coranique dans les classes du Cheikh El Bachir El Bouziri,
qui faisait alors réciter à ses élèves les versets du Saint Coran tout en leur
apprenant à interpréter des chants religieux.
L’élève Serri
se distinguait par ses capacités vocales à réciter des chants religieux et à
mémoriser leurs textes, ce qui lui avait valu d’être sollicité pour animer des
soirées à l'occasion du Mawlid Ennabaoui Ech’Charif dans les sanctuaires de Sidi Abderrahmane Et’Thaalibi à la Casbah d’Alger ou à Sidi M'hamed Boukebrine au quartier de Belcourt. Après une formation académique qu’il avait entamé dès 1945, il rejoint l’"association algérienne
de l'Art andalou", où il fut vite repéré par le professeur Abderrezak Fekhardji qui
l’intègre dans sa classe au Conservatoire d’Alger.
Rejoignant d’autres associations de
musique andalouse, à l’instar d’"El Andaloussia",
"El Hayat" et "El Djazairia", Sid
Ahmed Serri avait non seulement perfectionné son art
d’interpréter des chants andalous, mais aussi développé sa technique à
l’instrument du Oud. En 1947, le maître Serri intègre
la radio et l’Orchestre Sanaa, belle opportunité pour donner du plaisir aux
amateurs de cette musique savante qui le verra consacré un an plus tard,
"meilleur chanteur". Ce nouveau statut lui avait permis l’accès aux
studios de la radio où il avait commencé à enregistrer quelques titres, puis à
la Télévision où sa renommée va se confirmer, avant de se voir surnommé
"Cheikh".
En 1952, Sid Ahmed Serri
est appelé pour diriger l'association "El Djazairia",
devenue bien après "El Mossiliya" et passer
ainsi du rang de l'élève à celui de professeur et enseigner, ensuite, la
musique andalouse aux jeunes de l’Institut de musique d’Alger. Après plusieurs
concerts donnés durant les années 1980, avec ses élèves sous l’intitulé,
"Automne de la musique algérienne", le professeur Serri
est élu en 1989 comme président de l’association de la protection, la
sauvegarde et la promotion de la musique classique algérienne et en 2006, comme
président de la Fédération nationale des associations de musique classique
algérienne.
Premier artiste algérien à recevoir
l'Ordre national du mérite en 1992, Sid Ahmed Serri
s’est investi corps et âme durant les années 1990 pour enregistrer le
patrimoine andalou et ne pas laisser sa transmission à la tradition orale
seulement. Ainsi et en 2000, les premiers enregistrements, sortis en CD dans le
genre "Aroubi" ont vu le jour, de même
qu’une série de Noubet dans différents genres et
modes rassemblées dans 45 CD. De nombreux artistes, aujourd’hui célèbres, ont
eu leurs premiers enseignements et perfectionné leur savoir
faire en chant andalou et dans la pratique de l’instrument, dans les
classes du Cheikh Sid Ahmed Serri, une
"référence sûre" de la musique andalouse.
Dans son ouvrage paru en 1997 aux
éditions de l’Entreprise nationale des Arts graphiques (Enag),
le maître Serri a rassemblé toutes les poésies de
l’ensemble des Noubet de la musique andalouse dans sa
variante algéroise Sanaa, un livre-référence réédité en 2002 puis en 2006. Sid
Ahmed Serri était , aussi ,
président d’honneur de l'association "Menzah Anadil El Djazair", de 2000
jusqu’à la date de sa disparition, le 15 novembre 2015.