SANTE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- TÉMOIGNAGE HOURIA
BOUSDIRA –« MON ENFANT EST DIFFÉRENT »
Mon enfant est différent. Témoignage de Houria Bousdira. Editions El Qobia,
Alger 2023, 101 pages, 800 dinars
Hasard malheureux de la vie dans une famille alors heureuse avec des enfants
sans handicaps. Nora Ahlem, née dans un véhicule transportant sa maman à
l’hôpital le plus proche, est atteinte de microcéphalie : son crâne
contenant son cerveau ne se développe pas correctement et, donc, ne
laisse pas le cerveau grandir, d’où le retard.Une
affection très rare.....et il n’existe pas de traitement contre cette
pathologie.
Tout d’abord, il a fallu, longtemps , bien de
salles d’attente d’ hôpitaux , bien des médecins consultés et même une
femme charlatan exploitant le drame des parents avant que le handicap
ne trouve son nom. Sans compter les prières et les offrandes. Tout cela
dans un environnement sociétal acceptant mal ou ne comprenant pas le drame et
les souffrances vécus, tant pas le patient que les parents.
La seule issue : D’abord un temps de rééducation -assez court en
hôpital - pour essayer d’acquérir une gestuelle
et une rééducation de confort pour que l’enfant ne se raidisse pas encore
plus . Ensuite, une prise en charge par les parents eux-mêmes.
Tout cela va durer des années et des années
pour Nora et pour la maman, tout particulièrement. Avec un handicap qui
se complique avec l’apparition d’autres pathologies : épilepsie,
cyphoscoliose aiguë....
Heureusement, il y a les sacrifices d’une
maman qui ne baisse pas les bras et qui, après avoir (au début) espéré une
guérison, s’est occupée avec régularité et amour de son
enfant .....enfant devenu , avec le temps qui passe, une femme
entièrement assistée......qui ne manquait pas , souvent d’éclater de rire, des
rires si enfantins mais si communicatifs. « Du bonheur à l’état
pur » !
L’Auteure : Diplômée en sciences
naturelles
Extraits : « Les hommes en
blouse blanche sont toujours pressés et ont cette façon exaspérante de ne
pas s’arrêter deux minutes pour vous répondre » (p 29), « Au
fil du temps, et pour avoir fréquenté les hôpitaux depuis déjà neuf mois, je
savais qu’insister était peine perdue » ( p 33), « Pas de
samedi, plus de dimanche , seulement le jour et la nuit.Captive
de mon remords, rongée par des « pourquoi » et des « j’aurais
dû », je ne savais plus ni quoi faire ni quoi penser » (p 36),
« La maladie est une altération des fonctions ou de la santé
d’un être vivant. C’est une notion médicale.Le
handicap désigne la limitation, l’incapacité des possibilités d’interaction
d’un être vivant avec son environnement.C’est une
notion plus sociale que médicale » ( p 61), « Le contraire de la
maladie est santé, bien -être.Le contraire de
handicap est capacité » (p 61), « J’ai compris avec le temps que pour
être heureux aux côtés d’un enfant pas comme les autres, un enfant prisonnier
de son corps ou dont le corps ou l’esprit ou même parfois les deux sont cassés,
il faut l’accepter comme il est. Un savant dosage entre acceptation et
repousser les limites s’impose.Il
faut surtout et simplement l’aimer comme il est » (p 98)
Avis :Si émouvant que l’on a
peine à continuer la lecture. Heureusement l’écriture ,
simple, directe et claire, aide à surmonter la peine partagée et à continuer la
lecture.
Citations : « Rééduquer , c’était
réapprendre un geste perdu à quelqu’un suite à une maladie ou à un accident »
(p 4), « Chacune d’entre-nous pensait avoir le monopole de la
souffrance, chacune d’entre-nous pensait que sa croix était plus lourde, plus
méritante à porter.Derrière nos maux se profilaient
du courage, de l’endurance, de la patience, de la tristesse, de la peur, de
l’incertitude mais aussi un mélange de déni et d’espoir.Ce
mélange qui nous laissait croire que demain serait un jour meilleur »
(p 49), « Nous ne naissons qu’une fois , et ne mourrons qu’une fois
mais je persiste à croire que les parents qui enterrent leurs enfants meurent
deux fois.Une partie de leur âme quitte leur corps le
jour où ils enterrent leurs enfants, et l’autre le jour où ils iront le
rejoindre » (p 99), « A tous ceux qui ont pris l’habitude de me
souhaiter « bon courage » , je réponds : A -t-on besoin de
courage pour aimer son enfant ? L’Amour maternel, paternel, filial est
inné, pourquoi aurais-je besoin de courage pour aimer ma fille ? « (p 101)