CULTURE- MUSIQUE- BENDAMÈCHE ABDELKADER
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Miloud Zaater, fb, 13 octobre 2023
Le 26 septembre 1949, à 21 heures, il
pleuvait à torrent. C’est cette nuit-là, sous une pluie diluvienne, que
débarque sur la planète Terre Abdelkader Bendameche.
Il a atterri à Mazaghran, une ville historique qui a
été le théâtre de deux grandes batailles, l’une au 16e siècle, contre les
Espagnols et l’autre, en 1840, contres les forces
coloniales françaises. Mazaghran est l’arrière-pays
de Mostaganem, la ville des mimosas.
Artistiquement, il est né dans
l’euphorie de la joie de l’Indépendance, dans le milieu des scouts musulmans.
Il a fait ses premières armes dans le théâtre, avant d’aller vers la musique
moderne en tant qu’interprète puis vers le chaâbi, milieu dans lequel il avait
côtoyé une pléiade de cheikhs.
M. Bendameche
est issu d’une famille d’artistes, de cheikhate, tant
du côté paternel que maternel. Les cheikhate les plus
connues étaient cheikha Dahmana,
qui existe dans l’histoire de la musique féminine de Mostaganem, et une Bendameche, élève de cheikha Dahmania.
C’est ce qu’on appelait cheikhate leblad dans la chanson
féminine de l’ouest algérien. Des cheikhate leblad qui veut dire des dames qui pratiquaient la chanson
religieuse, la chanson j’allais dire pure, authentique, acceptée socialement,
contrairement à une autre forme de musique féminine qui a été développée plus
tard par le colonialisme», dira-t-il.
Abdelkader Bendameche
a été aidé dans son parcours, son cheminement artistique et culturel par
plusieurs personnalités, dont Abderrahmane Kaki, Djillali
Ben Abdelhlim, fondateur du théâtre amateur de
Mostaganem et El-Hadj Bouzid Benslimane, fondateur de
l’association Ennadi El-Hilal.
Il s’est lancé dans la chanson
professionnelle au lendemain du Festival da la chanson populaire auquel il
avait participé en 1969. A partir de 1977, il décide de prendre une autre
trajectoire, administrative celle-là. Il entre à l’Ecole nationale
d’administration (ENA). «Je suis allé à l’ENA en plein
succès artistique. Mes chansons se vendaient bien. J’étais une petite vedette à
l’époque», dit-il. Un chanteur sur les bancs de l’ENA «était vraiment insolite», ajoute-t-il en souriant.
L’ENA constituait en fait un cheminement
logique. M. Bendameche, tout en étant chanteur, était
aussi fonctionnaire. Il avait travaillé aux directions de l’agriculture de
Chlef, de Mostaganem et de Sidi Bel-Abbès. Mais il
était la plupart du temps en formation. Ce qui lui permettait de faire plus de
musique que gratte-papier.
Il avait été aussi journaliste. Il était
correspondant du défunt quotidien «La République» basé
à Oran dès le milieu des années 60. «Je rédigeais des
petits bouts d’articles dans la rubrique des chiens écrasés, comme on dit. J’ai
fais cette rubrique pendant
très longtemps. J’écrivais sur tout ce que je voyais»,
dira M. Bendameche.
Dans le même temps, il rédigeait les biographies
d’artistes publiées, dès le début des années 80, dans «El
Moudjahid». Mais c’est la radio, nous confie-t-il, qui lui a permis d’aller
plus loin, de développer ce créneau, de multiplier les biographies contenues
dans «Les grandes figures de la musique algérienne»
édité la première fois en 2003. «C’est l’aboutissement
d’un cheminement et d’un long travail», relève-t-il.