ENVIRONNEMENT- SÉISME- SÉISME
EL ASNAM OCTOBRE 1980
© ADIL MESSAOUDI/
HORIZONS, MERCREDI 11 OCTOBRE 2023
Le vendredi 10 octobre 1980, précisément à
13h30, fut un moment qui a marqué l’histoire de l’Ouest algérien. La ville
d’El-Asnam (appelée aujourd’hui Chlef), à mi-distance entre Oran et Alger, a
été frappée par un séisme dévastateur de magnitude 7,3 sur l’échelle de
Richter, qui a détruit la ville à près de 80%.
De trois mille à cinq
mille morts et deux cent cinquante mille personnes sinistrées ou chassées de
chez elles : telles étaient, samedi 11 octobre en début d'après-midi, les
seules estimations possibles des conséquences du très violent tremblement de
terre qui a détruit, en grande partie, la ville déjà anéantie une première fois
par une catastrophe sismique en 1954. Ce vendredi, jour de repos des musulmans,
c’était l’heure de la prière, à la mosquée. L’heure aussi de se rafraîchir dans
les cafés de la place du marché. La télévision allait commencer ses programmes
de retransmission des matches de football. Au centre paramédical, 300 jeunes
élèves terminaient leur déjeuner… C’est beaucoup plus tard que les survivants
se rappelleront avoir entendu les chiens hurler à la mort et constaté la
disparition totale des oiseaux, dix minutes avant le séisme. La secousse,
accompagnée d’un terrible grondement, a duré quinze secondes. Quinze secondes
pendant lesquelles toute une population a fui l’enfer de ces maisons qui
s’écroulaient par quartiers entiers. Les mères tentaient de saisir leurs
enfants pour se précipiter avec eux dans la rue. Beaucoup n’en ont pas eu le
temps. Les murs de toute une ville se sont abattus sur des milliers de
personnes. 10 octobre 1980 – 10 octobre 2023, quarante-trois ans après, les
Chélifiens se souviennent encore de cette tragédie nationale et de toutes ces
victimes disparues tragiquement en ce jour funeste. Solidarité nationale et internationale
Devant l'ampleur du désastre, un vaste mouvement de solidarité national et
international s'est amorcé aussitôt. Médecins, infirmiers, organisations de
secours (nationales ou privées) de Tunisie, de Suisse, de France, d'Allemagne
fédérale, des Pays-Bas, notamment, ont envoyé en Algérie des équipes de
spécialistes et du matériel. L’ANP est en première ligne. Des bénévoles qui
affluent de toutes parts viennent prêter mainforte et des équipes de secours
sont dépêchées par l’État algérien et les gouvernements étrangers. La
solidarité et la dignité dont font preuve les Algériens forcent le respect de
tous les médias internationaux venus couvrir l’événement, ce qui mit du baume
au cœur des sinistrés. Déclarée zone sinistrée d’urgence, la wilaya est prise
en charge sur plusieurs plans. D’abord, sur le plan scientifique, la ville
était un laboratoire d’étude à ciel ouvert pour tous les experts en sismologie.
Selon le Centre sismologique européo-méditerranéen de Strasbourg, la magnitude
de la secousse était de 7,5 (7,3, selon les calculs des sismologues américains)
et les coordonnées de l'épicentre étaient 36,16 Nord et 1,25 Est. Celui-ci
était donc à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest d'El-Asnam, dont les
coordonnées sont 36,18 Nord et 1,35 Est. L'épicentre du séisme de 1954, dont
les coordonnées étaient 36,26 Nord et 1,45 Est, était situé à une douzaine de
kilomètres au nord-est de la ville. Rappelons aussi que la magnitude du
tremblement de terre de 1954 était de 6,7, et que le nombre des tués avait été
alors de mille deux cent quarante-trois et celui des blessés d'une quinzaine de
milliers. La répétition de deux séismes importants dans la même zone prouve,
s'il en était besoin, que la vallée du Chéliff est une zone active. Mais il
s'agit de structures extrêmement complexes que l'on ne comprend pas encore. La
vallée est, certes, un fossé d'effondrement, mais son sous-sol est haché de
failles de directions très variées qui rejouent sans plan d'ensemble apparent.
Retour progressif à la vie La deuxième étape visait un retour normal à la vie.
Le choix a été décidé pour la construction à grande échelle de logement en
préfabriqué, le nombre de sinistrés et l’urgence à les reloger décemment a pesé
lourd dans ce choix. À cet effet, 1.200 milliards de centimes sont injectés
dans l’opération. 44 firmes étrangers spécialisées dans la fabrication et le
montage des logements préfabriqués furent sollicitées.
Près de 20.000 baraques, pour reprendre le terme usité localement, furent
construites. On y dénombre quatre grands sites d’habitat préfabriqués implantés
à Ouled Mohamed, à Chorfa,
à Lalla Ouda-Hassania et à Chettia. Un programme
d’habitation qu’a accompagné un ensemble d’infrastructure socio-éducatives
(écoles, lycées, hôpitaux, etc). Une opération qui a
pris fin en décembre 1985. Entre-temps, El-Asnam devint Chlef. Une dénomination
que réfutent jusqu’à nos jours les anciens Asnamis.