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Essai Amar Mohand Amer - "La crise du Fln de l'été 1962....."

Date de création: 06-10-2023 17:37
Dernière mise à jour: 06-10-2023 17:37
Lu: 282 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI DE AMAR MOHAND AMER- « LA CRISE DU FLN DE L’ÉTÉ 1962...... »

INDEPENDANCE DAY(S)

La crise du Fln de l’été 1962.Indépendance nationale et enjeux de pouvoir(s). Essai de Amar Mohand-Amer, Editions Frantz Fanon, Alger 2023, 382 pages, 2 000 dinars

 

Un ouvrage qui reprend et reconfigure une thèse soutenue il y a dix ans  et dont le contenu n’est nullement dépassé de nos jours.

Un ouvrage qui démontre, faits à l’appui, qu’en matière de détention et d’exercice du pouvoir politique , rien n’est jamais « joué d’avance » et rien n’est durable.

Un ouvrage qui analyse un moment de l’Histoire du pays ; un moment en apparence assez court, mais qui se trouve parsemé de très nombreux et difficiles événements où les revirements , les combats fratricides et les protagonistes sont légion.

Enfin, un ouvrage qui nous permet de découvre un « historien qui connaît son métier ». Ni un théoricien de l’histoire, ni un philosophe,  ou un romancier de l’histoire mais un chercheur méticuleux et précis.....De l’histoire comme on l’aime car elle restitue les événements , petis et grands, dans leur contexte....et pris dans la tourmente des passions humaines, non pas inventées mais ancrées dans le réel, avec ses retournements, sesions, ses trahisons, ses assassinats, ses purges, ses conflits entre « frères », ses morts inutiles n’ayant rien à voir avec la guerre de libération....mais plutôt avec une guerre (ou des « guerres ») de succession.

On a donc:

Un (court) chapitre préliminaire qui traite de la situation politique du Fln entre le 1er novembre 1954 et le 18 mars 1962 ; chapitre qui permet d’appréhender la dynamique générale et la portée des crises antérieures sur celle de l’été 1962.

Une première partie qui analyse l’évolution des rapports politiques au sein du Fln ; du cessez-le-feu du 19 mars 1962 au Cnra de Tripoli de mai/juin 1962.. Une place particulière est donnée à Ahmed Ben Bella et aux Wilayas.

Une deuxième partie aborde l’implosion du Fln historique.....Un Fln divisé face à l’Aln avec des risques réels d’une guerre civile et d’une « congolisation » du pays .

La troisième partie traite du dénouement politique et militaire de la crise...la violence armée mettant  un terme à la crise...et voyant le Groupe de Tlemcen et son leader Ben Bella  vainqueurs du conflit......Et,  Mohamed Boudiaf créant, le 20 septembre 1962,  le premier parti d’opposition, le Prs.....alors que l’Ugta est « ostracisée »

 

 

L’Auteur :Docteur en Histoire (Paris 7), chercheur en socio-anthropologie de l’Histoire et de la Mémoire, directeur-adjoint du comité de rédaction de la revue Insaniyat (Crasc d’Oran).Travaille sur les processus de transition, les trajectoires individuelles et de groupes, la violence en temps de guerre, les questions mémorielles et les récits historiques alternatifs

Table des matières :Préface (Omar Carlier) / Introduction/Première partie : Les enjeux conflictuels de pouvoir (s) au Fln (3 chapitres) / Deuxième partie : L’implosion du Fln historique (3 chapitres)/ Troisième partie : Le dénouement politique et militaire de la crise (3 chapitres)/ Conclusion/ Postface (Mohammed Harbi) / Liste des documents annexes/Bibliographie générale/ Chronologie indicative de la crise/ Correspondance des noms des villes/Correspondance des rues d’Alger/Glossaire/ Index

 

Extraits : « La constitution de l’Emg marque un tournant dans l’histoire du Fln et de l’Aln.Pour la première fois depuis le 1er novembre 1954,  l’Aln est dotée d’un commandement militaire national avec des prérogatives biens définies » (pp 35-36), « En nommant le colonel Boumediene à ce poste stratégique (direction de l’Etat-major (unifié) de l’Aln), les « triumvirs » choisissent le moins « maquisard » des chefs de l’Aln, mais le plus efficace et le plus organisé (p37), « Entre janvier et juillet 1961, la Fédération de France du Fln achemine trois cent-trois cadres dont un ingénieur, six médecins et cent sept étudiants » (pp 111-112), « En un an  (1962), le bilan de la politique de la « terre brûlée » mis en application par l’Oas s’élève , selon Harbi, à 2 000 morts et 5 000 blessés (p 146)  , « Ironie ou ruse de l’histoire, cette situation  (« la  situation politique jugée précaire du Gpra », fin juin 1962)  favorise l’intrusion dans le jeu politique de l’émir Said El Djazaïri, petit-fils de l’émir Abdelkader .Après avoir officiellement revendiqué le trône de l’Algérie, il reconnaît finalement l’autorité du Gpra » (Le Monde, 7 juillet 1962, cité p 176), « Vingt deux jours après l’Indépendance, la guerre fratricide au sein du Fln a fait voler en éclat les dernières digues « morales » entre les frères, devenus ennemis » (p 207), « Pour la rédaction du journal (El Moudjahid -historique, éditorial du 13 juillet 1962 ) , la crise n‘est pas idéologique, mais l'expression violente de la guerre des chefs » (p 268),

Avis Pour bien comprendre l’évolution politique du pays de l’Indépendance......à nos jours......ou presque. Un ouvrage qui détricote une « crise » avec force

Détails ; une crise certes passagère mais aux retombées profondes sur le poids , l’exercice et les dérives du « pouvoir ».

Citations : « Agitateur » en 1956, il (Ahmed Ben Bella) est , à sa sortie de prison, devenu un « homme d’Etat » (Jean Daniel, L’Express, 15 mars 1962, cité p 69), « Le Fln est plus un agglomérat de dirigeants que l’expression d’un parti doté de mécanismes démocratiques de prise de pouvoir «  (p83), « D’outre-tombe, Abane Ramdane devient un protagoniste de la crise du Fln de l’été 1962  » (pp 85-86), « Rabah Bitat révèle déjà un tempérament d’homme-tampon»( 180), «  C’est l’ébauche d’un système dans lequel la revanche sociale sert d’aiguillon et de masque à la formation d’une nouvelle classe sociale »(Mohamed Harbi, in « L’Algérie et soin destin », cité p 297), « Les historiens doivent savoir qu’ils sont aussi des citoyens .Ils doivent aider à l’élaboration d’un récit national qui exprime la diversité politique, sociale et religieuse de toutes les composantes de l’ensemble algérien » (Mohammed Harbi, postface, p 299)