VIE POLITIQUE- PARTIS POLITIQUES-
PARTIS POLITIQUES/FFS 60 ANS
© Amirouche Yazid/L’Expression, dim 1er octobre 2023
Le FFS a fêté (Salle Ibn Khaldoun/Alger) ù,le 30 septembre 2023, ses 60 ans d'existence. Le
parti a été fondé le 29 septembre 1963, soit juste une année après
l'indépendance. Le parcours du Front des forces socialistes se confond avec
celui de son fondateur décédé le 23 décembre 2015. Huit ans depuis la
disparition de Hocine Ait Ahmed, son nom et son image planent toujours sur la
vie du parti. Ses mots, ses phrases, ses déclarations sont constamment repris dans les cellules du parti. Et bien au-delà. La
culture politique qu'il a semée au sein du parti demeure fertile. Les actions
qu'il a menées depuis la naissance du parti sont constamment convoquées. Les
réponses qu'il a eu à apporter, en contexte de routine comme dans les
circonstances de troubles et d'intrigues, sont des leçons inusables. À telle
enseigne que ce n'est point une usurpation de parler de l'héritage politique de
Hocine Ait Ahmed.
Cette place que continue d'occuper Ait Ahmed auprès
des Algériens n'est pas le fruit du hasard. C'est plutôt le résultat de la
permanence de l'action politique sur plus d'un demi-siècle de lutte. Pour le
recouvrement de l'indépendance, d'abord, et pour l'instauration d'un État de
droit, ensuite. Il était engagé précocement dans le combat pour l'Indépendance
nationale. À peine 15 ans qu'il frappa aux portes du Parti du peuple algérien
(PPA), cette école du militantisme et du nationalisme. Il était le deuxième
chef de l'Organisation spéciale (OS), dont il assurera la direction à l'âge de
22 ans. Il succéda à Mohamed Belouizdad à la tête de
l'OS, une organisation dont il fut l'organisateur par excellence. Il fut à
l'origine du prospectus de formation militaire distribué à l'ensemble des
activistes de cette organisation paramilitaire. Son accession à ce niveau de
responsabilité en temps de lutte n'est pas un hasard ou une nomination alibi.
Le jeune Ait Ahmed s'est fait remarquer lors de la réunion du Comité central du
PPA-MTLD, en 1948, à Zeddine (près d'Aïn Defla) avec
sa contribution écrite, fruit d'une réflexion mûre sur la stratégie de lutte
que devait emprunter le PPA-MTLD. Depuis ce rapport, il s'est imposé comme une
des valeurs sûres du combat de l'Algérie pour son indépendance. «Je sais qu'il a milité très jeune au PPA et qu'il a été
parmi ceux qui ont répandu en Kabylie l'idée d'indépendance et la notion
d'organisation, deux principes chers au parti (PPA-MTLD) dans les années
difficiles de 1945 et 1946. Il n'a pas hésité à sacrifier ses études dans la
lutte et vivre la vie dangereuse de maquisard», avait
écrit Benyoucef Benkhedda
dans son ouvrage: Aux origines du 1er novembre 1954.
Feu Ait Ahmed s'est distingué par sa capacité à
allier le côté théorique des luttes et l'action pratique. Sentant, vraisemblablement
avant ses pairs, la nécessité de porter la cause algérienne à l'échelle
internationale, il entama la mobilisation parmi les Africains et les
Asiatiques. C'est ainsi qu'il lança en 1953 le périple asiatique pour créer des
comités de soutien à l'autodétermination de l'Algérie. Il prit part à la
première conférence des partis socialistes asiatiques à Rangoon en Birmanie.
Avant de placer la cause algérienne à la Conférence de Bandung où il a conduit
la délégation avec M'hamed Yazid. Trois ans plus tard,
il fut l'inspiration de la création du GPRA. Des faits qui feront dire à Mouloud
Hamrouche, admiratif, que le leader historique était
un «fin stratège, au parcours et au combat exceptionnel, multidimensionnel,
pour un même idéal, l`indépendance et les libertés pour son pays et ses
concitoyens».
Pour l'ancien chef du gouvernement, Si El Hocine
se révélera «fin diplomate» et expert «hors pair» des enjeux mondiaux, relevant
qu'Ait Ahmed conseillait toujours de «transcender les clivages de chapelles et
les dissensions pour l'intérêt de l`Algérie».
Au lendemain de l'indépendance, Ait Ahmed s'est
opposé au système du parti unique. Il a contesté les choix et orientations du
régime en place. Et c'est dans ce contexte qu'il créa, avec d'autres militants,
le FFS, cet espace politique et de lutte pour la démocratie et la justice
sociale. De l'engagement patriotique pour l'indépendance de l'Algérie à
l'opposition démocratique, toujours pour une Algérie meilleure, le combat d'Ait
Ahmed forçait le respect. Y compris pour ceux qui divergeaient avec ses thèses.
Car au-delà de ce qu'il peut constituer des sujets de divergence avec lui, il
faisait de l'Algérie et de la dignité de ses enfants un sacerdoce.