ECONOMIE- OPINIONS ET POINTS DE VUE- RÉPONSE A SAIDA NEGHZA/CGEA
© Aps, dimanche 10 septembre
2023
Madame Saida Neghza s'est
fendue d'un texte passéiste qui fait table rase de toutes les réformes engagées
par le pays depuis 2020 pour le redressement des finances de l'Etat, afin
d'éviter de tomber entre les mains du FMI et qui ont permis de booster la
production nationale afin d'atteindre, à l'horizon 2023/2024, 13 milliards de
dollars d'exportation hors hydrocarbures.
Dans une contribution, au demeurant trop bien rédigée,
paradoxalement, Mme Saida Neghza se fait le
porte-voix d'intérêts qu'elle est sensée, prétendument, combattre, ceux de
l'ordre ancien, ceux d'une Issaba dont le sport
favori, n'était pas la pratique du golf, mais détourner l'argent du peuple. Et
qui revendiquent le droit d'acquérir des biens à l'étranger avec des transferts
illicites, issus du même argent de la
surfacturation.
Dans cette missive, diffusée massivement sur les
réseaux sociaux, bafouant les usages d'une correspondance adressée à la
Présidence de la République, l'argumentaire principal de Madame Neghza est soutenu par ce même refus du changement, et
cette obsession maladive des forces de l'argent sale qui ne veulent pas baisser
les bras.
Nostalgique de l'ordre ancien, cette lettre respire
les intentions de ses véritables auteurs, à savoir maintenir l'inertie, mais
renseigne aussi sur le total déphasage de ses auteurs, sur les transformations
profondes que connait l'Algérie.
Tous les opérateurs économiques et les administrateurs
de l'Etat connaissent ce personnage et son peu d'envergure et son penchant pour
tout ce qui est étranger et international. Mais de là à s'ériger en défenseur
de l'économie algérienne, des opérateurs économiques et des citoyens dans leur
ensemble est un exploit que Mme Saida Neghza a osé.
D'ailleurs, c'est sa principale qualité: Elle ose et
c'est à ça qu'on la reconnait.
Pour revenir à des altitudes plus clémentes pour la
patronne autoproclamée de la CGEA, il existe, déjà, dans la nouvelle Algérie,
d'autres institutions pour porter, haut et fort, les doléances économiques et
sociales, que sont le CREA et le CNESE et la CGEA n'en fait pas partie, même si
sa patronne a fait de la "proximité" des décideurs, des
"passerelles", un fonds de commerce et une force de son marketing
personnel. Et le niveau des inepties de cette lettre, complètement déconnectée
des évolutions du monde, démontre qu'elle s'élimine, d'elle-même, du débat
économique constructif et cohérent.
Juste à titre d'exemple, sa diatribe sur la hausse des
prix, ceux des produits essentiels, tels que les pates
alimentaires, l'huile, le sucre, le concentré de tomate et d'autres, est un
exemple de cette méconnaissance des réalités économiques. Ces produits n'ont
pas connu de hausse de prix, sauf pour les viandes dont l'importation a été
autorisée, pour toute l'année, pour juguler les prix. Quant à l'huile,
l'Algérie en produit actuellement, trois fois ses besoins et en exporte même de
grandes quantités, alors que la semoule et la farine n'ont pas vu leur prix
augmenter, car l'Etat continue de soutenir leur prix, pour ne pas mettre à mal
précisément, le pouvoir d'achat des citoyens.
Comparé à de très nombreux pays qui connaissent une
inflation record, avec des augmentations des prix de la majorité des produits
et des matières premières, les prix en Algérie sont les plus bas.
Cette lettre nous rappelle étrangement, une
organisation fantoche de "défense des consommateurs", qui défendait
tout sauf le consommateur. Cette organisation qui ne fait que défendre, d'ailleurs,
le seul dossier de l'automobile et des licences d'importation des véhicules.
Mais les inepties deviennent suspectes quand il s'agit d'évoquer le dossier des
surfacturations ! En quoi Mme Neghza et ses sbires,
sont-ils gênés que l'Etat ait décidé de récupérer l'argent du peuple ? L'une
des missions présidentielles n'est-elle pas de récupérer l'argent du peuple, là
où il se trouve et chez qui il se trouve ?! Pour l'engagement en faveur des
Algériens, il faut bien se dire que cet argent devra être récupéré et sera
récupéré. N'en déplaise aux patrons récalcitrants. Car la grande majorité des
opérateurs économiques sont cleans, honnêtes et patriotes. D'ailleurs, c'est
grâce à ces patrons propres et patriotes que l'Algérie va relever le défi
d'exporter, en 2023, 13 milliards de dollars hors hydrocarbures. En revanche,
ceux qui font dans les magouilles et la surfacturation:
l'Etat ne les lâchera pas. Donc, cette missive ne vise qu'à réhabiliter ceux
qui ont dilapidé l'argent du peuple avec la complicité des forces
extraconstitutionnelles. Donc pourquoi cette lettre, en ce moment précis, si ce
n'est une version améliorée des pressions qui font rappeler, l'ancien temps,
lorsque des groupes de pressions, des lobbys et des oligarques exerçaient leur
chantage sur l'Etat, tels que des organismes prédateurs comme l'ex-FCE dont
l'existence a été exterminée, et ceci d'abord, grâce au Hirak
béni et, ensuite, grâce à la présidentielle de 2019.
Mais la cerise sur le gâteau de cette lettre bizarre
est la proposition faite par madame Neghza avec un
appel, toute honte bue, à une réactivation de la tripartite. Cette fameuse
tripartite, servie durant deux décennies, et qui fut le théâtre du dépeçage de
l'économie algérienne et des entreprises publiques. Cette mise en scène mascarade
qui servait d'outil pour les détournements et le bradage des entreprises publiques
et dont Mme Neghza qui qualifiait la tripartie en
2016 de "formidable expérience en matière de dialogue et de protection
sociale", appelle, sinon exige son retour, alors que l'Algérie a choisi sa
voie et s'oriente vers l'émergence économique.
C'est par la tripartite que de nombreuses entreprises
du secteur public marchand ont été cédées aux oligarques du FCE. C'est par la
tripartite, qu'a été distribué l'argent de la planche à billets au FCE. C'est
la tripartite qui a coûté des milliards de dollars au Trésor public. Madame Neghza, dans son infini délirium, ne propose à l'Etat que
de rejouer au Monopoly avec l'argent du peuple au profit d'autres
oligarques.
NOTE :- Dans une
lettre ouverte adressée au Président de la République algérienne, Abdelmadjid
Tebboune, la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA) avait vivement critiqué la situation économique du pays.Sa présidente, Saida Neghza,
est allée jusqu’à qualifier celle-ci de « marasme généralisé »,
mettant en avant des agissements préjudiciables pour l’environnement
entrepreneurial et d’investissement algérien. Dans cette lettre, la CGEA évoque
des problèmes majeurs, notamment un climat des affaires défavorable, un manque
de confiance et une hausse généralisée des prix. L’un des points les plus
préoccupants soulevés par la CGEA serait l’existence d’un comité qui inflige
des amendes aux entrepreneurs. La lettre du CGEA revèle
l’existence d’un comité composé de 5 ministres qui infligerait des
pénalités aux chefs d’entreprises algériens. Cette situation, déjà contraignante
pour le patronat, l’est encore plus étant donné que les montants exigés sont
parfois supérieurs à la valeur des actifs des sociétés. La CGEA estime que ces
amendes devraient être remplacées par des obligations d’investissement productif, visant à
préserver l’industrie nationale et l’emploi. « Je reçois des doléances
récurrentes de la part d’hommes d’affaires qui se plaignent de persécutions et
de pressions diverses de la part des différents représentants de
l’État… Il aurait été préférable d’étudier chaque dossier séparément
et, si nécessaire, d’actionner la justice. Le droit de défense est garanti par
la constitution à tout citoyen ». La non-convertibilité du dinar algérien
et les restrictions sur la détention de biens à l’étranger par les
entrepreneurs ont également été abordées. La CGEA s’interroge sur la manière de
traiter ces questions sans mettre en péril les entreprises et le marché de l’emploi.Un autre sujet de
préoccupation concerne la délivrance des licences d’importation et les quotas,
« dont bénéficient certains et pas d’autres » d’après Saida Neghza. La CGEA, qui trouve que ces pratiques manquent de
transparence, appelle à la création d’une commission d’enquête pour éclaircir
le dossier. La présidente de la CGEA a par ailleurs diffusé une vidéo dans
laquelle elle insiste sur la gravité de la situation pour les entrepreneurs en
Algérie. Elle souligne que les hommes d’affaires vivent dans la peur et demande
des solutions plutôt que la fermeture des usines.«
Nous voulons qu’il [Président Tebboune] soit au courant que pour
ouvrir une usine, on rencontre des difficultés, et pour fermer, c’est avec une
grande facilité. Pour ceux qui ont failli, il y a des solutions », déclare
cette dernière.La CGEA, qui
se présente comme un allié de l’État, sollicite ainsi le pardon du président Tebboune
pour les entrepreneurs qui auraient failli, tout en insistant sur l’importance
de trouver des solutions équilibrées et de promouvoir le dialogue pour soutenir
l’économie du pays.La situation économique en Algérie
est complexe, et la CGEA met en lumière les défis majeurs auxquels les
entrepreneurs font face. Le dialogue entre le gouvernement, le patronat et les
syndicats semble essentiel pour résoudre ces problèmes et promouvoir un
environnement propice à l’investissement.