ENVIRONNEMENT- DANGER-
ENVENIMATION SCORPIONIQUE 2023
Chaque
été, morsures de serpent, piqûres et envenimation scorpioniques
constituent pour les habitants des zones chaudes un réel tracas. C’est même un
véritable problème de santé publique puisque l’Algérie enregistre entre 40.000
et 50.000 cas par an et plusieurs dizaines de décès entre début juin et fin
septembre. Le Dr Mohamed Lamine Saidani, chef de
laboratoire à l’Institut Pasteur d’Algérie, précise (20 août 2023) que le
risque d’exposition aux piqûres de scorpion est plus élevé chez les 15-49 ans. «Les morsures des membres inférieurs représentent 42,2 % des
cas et celles des membres supérieurs, 47%. El Bayadh,
Ouargla, Ghardaïa, Biskra, El Oued, Adrar et Naâma
sont des gîtes de l’espèce de scorpion appelée Androctonus
australis Hector où elle vit depuis plus de 450 millions d’années»,
précise-t-il. Celui qui est aussi expert dans la lutte contre l’envenimation scorpionique explique d’emblée que «la piqûre de scorpion
est un accident domestique et nullement une maladie». «Le taux d’infection est toujours plus élevé chez les hommes
qui ont plus de contacts avec les scorpions en raison de leurs activités de
plein air», ajoute-t-il. Toutefois, selon notre interlocuteur,
grâce aux différentes campagnes de sensibilisation et de collecte de scorpions,
le nombre de cas connaît une baisse ces deux dernières années. Les chiffres
indiquent que ces derniers sont retombés pour passer de 50 à 42.000 piqûres en
2022 et le nombre de décès de 50 à 20 la même année. L’amélioration des
conditions de prise en charge et la disponibilité en quantités suffisantes du
sérum anti-venin de scorpion en sont les premières causes. Sur cette lancée, il
exhorte les citoyens à rester vigilants et à nettoyer leurs maisons et les
périphéries. «Le non-respect des conditions d’hygiène
est favorable à la prolifération des nids de scorpions», met-il en garde. La
chaleur modifie le comportement des serpents et scorpions qui ne peuvent pas
vivre sous des températures de plus de 50°C recherchent des endroits humides et
plus frais. Pour réduire ces chiffres, la collecte de scorpions à l’aide d’une
torche aux rayons ultraviolets et d’une pince d’une longueur de 25 cm est la
seule solution. Ces opérations permettent, d’ailleurs, à l’IPA de fabriquer le
sérum à partir du venin. «Grâce au travail des associations
de collecte de scorpion, le nombre de décès a beaucoup diminué surtout à Bordj
Badji Mokhtar où seuls dix décès ont été recensés en 2017», se félicite le
praticien . A noter que parmi les 54 espèces recensées en
Algérie, quatre sont dangereuses. Pour faire la distinction entre les piqûres
de chaque espèce et ses effets, le ministère de la Santé organise des sessions
de formation au profit des médecins. Néanmoins, le Dr Saïdani
déplore le recours à certaines pratiques et à la médecine traditionnelle pour
traiter les piqûres. «Elles n’ont rien à voir avec la
médecine alternative et retardent la prise en charge médicale à temps»,
assure-t-il. «Des personnes font croire aux victimes
qu’elles détiennent un savoir-faire pour éliminer le venin de scorpion alors
que si la personne piquée ne reçoit pas le sérum anti-venin dans les trois
heures qui viennent, elle pourra perdre la vie», lance-t-il en guise
d’avertissement. «Il ne sert à rien de pulvériser
l’endroit de la piqûre ou morsure par du gaz butane, une pierre noire, un
garrot, une incision, la scarification, l’application de produits traditionnels
ne font que retarder la prise en charge», poursuit-il. La population doit être
informée des moyens de prévention, de la nécessité de faire la différence entre
piqûre et envenimation et sur le danger et l’inefficacité de tous les
remèdes-maison. Avant d’évacuer une personne piquée par un scorpion vers une
structure médicale, il faut l’immobiliser, maintenir son rythme cardiaque. «Arrivées en vie dans une structure de santé, 99% des
victimes seront sauvées», conclut-il