CULTURE- PERSONNALITES- OTHMANE BALI (MUSIQUE)
La mélodie ensorcelante du blues-tindi,
la poésie sensationnelle et émotionnelle déclamée en tamashek et en arabe
dialectal, la riche culture targuie ainsi que la philosophie de vie du désert
sont autant de qualificatifs de cet artiste aux multiples talents, Othmane Bali
(Mebarek Othmani, de son vrai
nom) , né en 1953 à la perle Djanet et mort à 58 ans
dans la même ville emporté par des pluies torrentielles. Auteur, compositeur et
interprète, il était également virtuose au luth, instrument séculaire qu’il a
tant affectionné. Son histoire avec l’instrument à cordes commence à l'âge de
14 ans. Danseur d’abord et percussionniste à l’orchestre d’Abderrahmane Lasmar, mais aussi, du groupe de la JFLN que dirigeaient Daâmi et Hibaoui et du groupe de Badlis. Il prend le cap de Laghouat pour des études paramédicales,
il commence à jouer et à faire écouter à ses amis ses propres compositions.
Encouragé durant son service national, qu’il passe à Sétif, où le talent de
l’artiste n’est plus secret pour personne. Il se fait connaître en 1982 lors
d’un passage à la télévision. En 1986, il sort sa première cassette,
enregistrée au studio Yugurten d’Azazga
et produite par Cadic. En 1992, Othmane Bali
enregistre deux CD en France, Assouf (Nostalgie) et Assarouf (Le pardon) en collaboration avec Steve Shebran, un percussionniste-bassiste américain avec qui il
travaille depuis 1992. Ambassadeur du tindi et de la
créativité musicale du grand désert algérien, l’artiste était ouvert aux fusions
et aux différentes tendances et styles musicaux du monde. Le défunt a soufflé
l’esprit des Touaregs au monde entier. Fils d’une famille d’artiste et de
poètes dont sa mère Khadidjata, grande chanteuse du tindi, il transmet le flambeau à son fils Nabil Bali qui
porte si bien, à l’exemple d’autres jeunes d’Illizi, Djanet et Tamanrasset, la
culture targuie et saharienne. Si les titres d’anthologie sont légion dans la
discographie algérienne, il y a de ses titres qui marquent à jamais à l’exemple
de Damaà (larme). Un merveilleux poème repris jusqu’à
aujourd’hui par une dizaine d’artistes amateurs et confirmés. Un hommage
intergénérationnel à titre posthume à des maîtres de la chanson algérienne.
Othmane Bali a été emporté par la crue d’un oued dans la nuit du vendredi 17
juin 2005 au Tassili N’Ajjer, qu’il a tant aimé, à l'âge de 58 ans. Les pluies
diluviennes qui se sont abattues ont été fatales à l’homme bleu, engloutie dans
son 4×4 par les eaux de l’oued Tinjatat qui traverse
la ville de Djanet. Il repose au cimetière d’Aghoum
après avoir transmis avec beaucoup d’amour et de passion une mémoire ancestrale
et un patrimoine oral et musical séculaire à travers les dimensions du temps et
de l’espace. Contribuant à faire connaître les caractéristiques de l’homme bleu
et de la culture targuie, Othmane Bali a laissé un immense vide sur la scène
musicale, notamment en ce qui concerne le tindi qui,
hélas, n’est pas assez pratiqué, répertorié et étudié