RELATIONS INTERNATIONALES-
DOCUMENTS POLITIQUES-ENTRETIEN A.ATTAF, WASHINGTON
POST, 15 AOÛT 2023
Dans un entretien
qu’il a accordé, mardi 15 août 2023 , au journal
américain « Washington Post », le ministre des Affaires étrangères et
de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf,
(note : qui a séjourné dernièrement aux Usa en rencontrant s’est largement Antony Blinken
, sercrétaire d’Etat ) s’est largement étalé sur la
crise au Niger et les graves conséquences sur tout le Sahel que risque de
générer une intervention militaire. Il cite à ce propos le cas de
l’intervention de l’Otan en Libye «qui s’est avérée
catastrophique pour toute la région ». « Ceux qui ont mené l’intervention
étrangère ont quitté le pays (la Libye Ndlr). Et ils nous ont laissés avec
cette tragédie, avec cette crise sur les bras». « Nous
en payons le prix », a-t-il rappelé ajoutant que « personne n’est sûr, même au
sein de la Cédéao, que l’intervention militaire ait une chance raisonnable de
succès ». Ahmed Attaf qui ne voit « aucun exemple
d’intervention militaire dans des cas comme celui-ci qui ait réussi ». Dès le
premier jour du coup d’État à Niamey, le 26 juillet dernier, Alger a très vite
affiché une ligne de conduite claire et intransigeante. Tout en gardant une
position médiane par un soutien au président Bazoum
légitimement élu, elle a catégoriquement rejeté toute idée d’intervention
militaire étrangère. Dans son entretien avec le journal américain, Ahmed Attaf a réaffirmé la position de l’Algérie par rapport à
cette crise du Niger. Une position, a-til soutenu,
partagée avec les États-Unis. Il est question du « respect de l’ordre
constitutionnel et démocratique », du « rétablissement du président Bazoum en tant que président légitime du Niger » et que «
la priorité soit toujours accordée au règlement de la crise ». Ce sont des
positions de principe qui ont toujours rythmé la politique étrangère de
l’Algérie. Hostile certes à l’action militaire, Alger offre des pistes pour une
solution diplomatique. Une offre viable surtout qu’elle bénéficie du soutien
américain. Attaf a indiqué dans ce sens que « l’objet
des consultations », algéroaméricaines a pour but
d’arriver à une issue diplomatique de cette crise. Le ministre des AE a la
certitude que « même si la Cédéao l’envisage, l’intervention militaire est une
option de dernier recours », puisque « elle continue d’accorder la priorité à
une solution politique et diplomatique et elle travaille sur cette base ».
Interrogé sur les sanctions prononcées par la Cédéao à l’encontre du Niger,
Ahmed Attaf a affiché certaines réserves de l’Algérie
quant à cette démarche. « Nous avons de très fortes réserves ». Pour le
ministre des Affaires étrangères, il n’est pas normal de fermer les frontières
et de laisser mourir les gens qui souffrent des affres des maladies et de la
guerre. « Des populations du côté nigérien de la frontière, viennent se faire
soigner dans nos hôpitaux. Ils se déplacent dans notre pays pour le commerce,
le tourisme, les produits vitaux. Comment pouvez-vous appliquer des sanctions à
cela ? Vous fermez votre frontière et dites aux gens : « Vous devez mourir de
l’autre côté, vous n’avez pas accès à mes hôpitaux. Qui peut faire ça ? ».
Insistant sur les conséquences d’une intervention militaire, le chef de la
diplomatie algérienne a fait remarquer que « nous avons vraiment affaire dans
la région à des armées de terroristes qui menacent directement le Burkina Faso,
le Mali, certaines régions du Tchad et le Niger », évoquant la région appelée
la « zone des trois-frontières », où il y a une « concentration » des groupes
terroristes, qui sont passés à une « étape supérieure » en matière «
d’équipements et d’effectifs ». Une approche que partagent d’ailleurs même les
Américains qui estiment que cette « grave situation » « nécessite une forte
coordination ou une coopération étroite entre les pays de la zone pour relever
ce défi ». Enchaînant sur la question migratoire, Ahmed Attaf
a fait savoir que cette question ne peut être traitée que dans le cadre d’un
règlement économique global. « Il faut s’en occuper politiquement,
diplomatiquement. Mais si l’aspect économique n’est pas pris en charge, vous ne
réglerez pas le problème », a-t-il dit. S’exprimant sur les relations algéroaméricaines, Attaf a
indiqué que les deux pays parties se consultent sur « de nombreux dossiers »,
relevant que la «qualité des relations entre deux pays
» est évaluée par le « niveau du dialogue ». Dans ce sens, le ministre des AE a
indiqué que de « nombreux hauts responsables américains s’étaient déplacés en
Algérie durant cette année », une preuve que les relations sont au beau fixe