CULTURE-
PERSONNALITES- AHMED BENYAHIA (PEINTRE ET SCULPTEUR)
© Ahcene-Djaballah Belkacem, chronique presse, « LA
COLÈRE D’AHMED ! » (samedi 23 juillet 2022)
80
ans d’âge mais nullement vieux. Toujours d’attaque et toujours sur le front.
Lui, c’est Ahmed Benyahia, l’artiste peintre et
sculpteur (et qui, au passage, a si bien campé , au
cinéma , certains personnages illustres de notre histoire). On l’a connu au
début des années 60 alors qu’il était un des « meneurs » de la
contestation (pacifique) pédagogique et politique des étudiants des Beaux- Arts
d’Alger .....puis croisé à la fin des années 60 alors
qu’il était étudiant aux Beaux-Arts de Paris, et participant aux événements de
mai 68. Rentré au pays (Constantine) , s’étant
mis à la sculpture (il a été l’élève du fameux César), il a dû subir les
incompréhensions des autorités artistiques et autres de l’heure pour la simple
raison qu’il était toujours , à leurs yeux , trop irrespectueux des règles
officielles imposées....et ses œuvres , pour certaines, ont été
mises à l’écart. Ainsi que son nom effacé des tablettes.
On
l’a, aussi, entendu protester contre certains choix artistiques et architecturaux lors de l’ « Année de la
culture arabe » tenue en sa ville natale, Constantine.
Voilà
donc qu’il revient, cette fois-ci encore , sur la
scène médiatique (heureusement qu’elle existe !), par le biais d’un
« appel » tonitruant (sous forme de pétition signée
par.......signatures à découvrir....une divine trouvaille. Voir El Watan du lundi 18 juillet 2022) « au Président
de la République », s’en prenant cette fois-ci, directement au wali de la
wilaya de Constantine.....accusé « d’agresser violemment plus de 2000 ans
d’histoire en ordonnant des travaux dits d’utilité publique à l’intérieur même
d’un site protégé où se trouve l’unique monument intra-muros que sont les
Arcades romaines (aqueduc) ».....monuments « classées patrimoine au
début du XXè siècle et confirmées par les lois et
réglementations l’Algérie indépendante » .
Au-delà
du geste de colère mais franc (car signé ) et direct
(car rendu public) de Ahmed Benyahia, se pose en
réalité , l’éternel grand problème du strict respect par les autorités,
surtout locales - mais cela peut s’étendre aux autres - des lois et
réglementations en vigueur. Se cacheraient-elles - pour esquiver les erreurs de
conception et des retards de réalisation, en amont ,
quand il n’y a pas d’autres calculs sordides (dont la corruption) – derrière
l’ « utilité publique » et le « programme du Président »....les
deux ayant décidément des dos bien larges ?
Au-delà
du geste de colère, il y a cet irrespect , par bien
des décideurs (les citoyens ne sont pas, aussi, indemnes de reproches) ,
se généralisant, pour les témoignages physiques du passé pourtant
protégés par des lois . Les pierres de ruines romaines et de magnifique
édifices religieux , détruits en bien d’
endroits du pays, ont été utilisées pour construire des villas bien
moches . Des rues ont été dépavées et les
pierres ont disparu. Des pièces archéologiques de valeur ont été
« exportées »......Même les monuments
classés patrimoine national ou mondial ont été menacés.....comme le Medghacen de Batna ....comme cet édifice historique à
Annaba , sauvés « juste à temps »...... grâce surtout à la
mobilisation médiatique et populaire. Tout ceci sans parler de la
« consommation » effrénée , par l’immobilier
,de terres agricoles et de façades maritimes .
Dans
toutes ces conditions, il est tout à fait normal que le citoyen lambda et tout le monde de la culture et des arts
s’inquiètent et/ou protestent. Ahmed Benyahia , « Ahmed-courage », en est un représentant de
poids ,pour son initiative bien originale (c’est là un trait permanent de sa
personnalité) et courageuse....au risque de voir sa glycémie croître
dangereusement. Son intervention de citoyen engagé sera-t-elle entendue ? Wait and see !