INFORMATIQUE- DOCUMENTS
ET TEXTES REGLEMENTAIRES- INTELLIGENGE ARTIFICIELLE ALGERIE
©
ALI KAHLANE, EXPERT EN TIC, in Horizons, jeudi 6 juillet 2023,
Extrait
Le monde vit actuellement un sursaut technologique
important, avec l’avènement des solutions basées sur l’intelligence
artificielle (IA). Et ce n’est pas d’aujourd’hui, puisque l’IA a plus de 70
ans. Elle a l’âge de l’informatique. Mais la transformation en cours est
multidimensionnelle et affecte de nombreux domaines tels que la santé,
l’éducation, les transports, la finance et bien plus encore, la nouveauté est
que celle-ci touche le citoyen directement dans les trois dimensions de sa vie,
à la maison, au travail et dans ses loisirs. La rapidité avec laquelle l’IA
progresse est époustouflante. Non seulement elle automatise des tâches qui
étaient traditionnellement réalisées par des humains, mais elle peut également
apprendre et s’adapter pour accomplir des tâches de plus en plus complexes. Ces
progrès peuvent apporter de grands avantages, comme ceux d’augmenter
l’efficacité, d’améliorer la précision, de réduire les erreurs humaines et
surtout de libérer du temps pour les activités humaines plus créatives et
enrichissantes. Cependant, ils suscitent également des questions importantes
sur la sécurité, l’éthique, l’emploi et l’inégalité. Nous vivons certainement
une période de transformation technologique intense, et l’IA est au cœur de
cette révolution (.............)
L’Algérie s’est engagée dans une voie ambitieuse,
celle de la prise en charge de l’intelligence artificielle, et a montré une
prise de conscience des enjeux et opportunités offerts par cette technologie.
Et là aussi, cela ne date pas d’aujourd’hui. C’est en 2018 qu’il a été décidé
d’élaborer «la stratégie nationale de l’intelligence artificielle 2020-2030». Elle recommandait, entre autres, la création de deux
écoles nationales supérieures, une d’intelligence artificielle (Ensia) et une autre des mathématiques (ENSM). Si les deux
écoles sont opérationnelles depuis septembre 2021, cette ambition nécessite
cependant de surmonter plusieurs défis. Celui du développement d’une
infrastructure réseau robuste pour permettre à l’IA de prendre son envol. Cela
comprend des réseaux haut débit fiables pour transporter les informations, des
centres de données pour stocker des quantités massives de données et des
systèmes informatiques puissants pour effectuer des calculs complexes. Pour
être à la pointe de l’IA, l’Algérie doit par ailleurs investir dans la
formation de ses jeunes et de toute personne cap (.......................)
Avec les nouvelles opportunités que l’IA apporte,
viennent aussi de nouveaux défis éthiques et juridiques. Il est impératif de
développer un cadre réglementaire approprié pour garantir que l’IA soit utilisée
de manière éthique et responsable. En Algérie, la loi n°18-07 du 10 juin 2018
relative à «la protection des personnes physiques dans le traitement des
données à caractère personnel» vise à garantir le
respect de la vie privée et des droits fondamentaux des individus, en
réglementant la collecte, le traitement, la conservation et la communication
des données à caractère personnel. Cette loi date d’avantl’explosion
de l’IA à travers le monde, notamment avec l’usage de plus en plus généralisé
des ChatBot, tels que ChatGPT
qui avait d’ailleurs été interdit à son lancement par l’Italie, avant d’être
autorisé de nouveau un mois plus tard. Les raisons principales pour lesquelles
il a été interdit étaient qu’OPenAI (l’entreprise
créatrice de ChatGPT) n’a pas mis en place un système
de vérification de l’âge de ses utilisateurs, une obligation mentionnée dans le
règlement général de la protection des données personnelles (RGPD) européen. ChatGPT étant initialement destiné aux utilisateurs de plus
de 13 ans, le fait qu’il n’y ait aucun système de vérification de l’âge peut
entraîner des situations dans lesquelles des personnes mineures obtiennent des
réponses inadaptées à leur âge. L’autre point, OpenAI
n’a pas informé les utilisateurs que leurs données seraient réutilisées pour
entraîner ses modèles d’IA. L’Europe avait adopté en 2018 le RGPD. Pour se
mettre en conformité avec le monde qui change à grande vitesse, l’Europe vient
de mettre en place une loi européenne sur l’intelligence artificielle, l’IA Act. Avec ce nouveau paysage numérique, compléter notre loi
est plus qu’urgent. Pour récolter les bénéfices de l’IA et faire partie des
pays gagnants, son adoption au plus vite et à tous les niveaux est impérative.
Il est essentiel d’encourager son adoption dans tous les secteurs qui le
nécessitent. Il faut sensibiliser à l’IA et soutenir les organisations dans
leur transformation numérique. Le défi des données est là. L’IA a besoin de données
pour apprendre et s’améliorer. Il est donc primordial de mettre en place des
politiques de collecte, d’utilisation et de partage de données qui soient
équitables et respectueuses de la vie privée. Notre souveraineté numérique n’en
sera que renforcée. Elle fait face à un défi de taille mais aussi à une
occasion unique. En surmontant ces défis, le pays a la possibilité de se
positionner en tant que leader régional dans le domaine de l’IA (.............)