SANTE- MALADIE- DÉPRESSION
L
a dépression
est un problème de santé mentale qui affecte des millions de personnes dans le
monde. Malgré son impact généralisé, il continue d’y avoir une stigmatisation
ou un tabou associé. Le Dr Nazima Djili,
professeure en psychiatrie au CHU Mustapha-Pacha (Alger), indique que selon les
statistiques de l’Organisation mondiale de la sant,
300 millions de personnes souffrent de dépression. Elle relève que cette
pathologie est sous-estimée, et qu’il n’existe pas de données épidémiologiques
exactes, car ce ne sont pas tous les patients qui consultent. «C’est une maladie ordinaire qui peut toucher n’importe qui.
La personne peut passer par une période dépressive conséquemment à une maladie,
une pression psychologique, une peine ou autre»,
note-t-elle. Et de rappeler qu’il ne s’agit pas d’une maladie qu’on peut
traiter avec des antidépresseurs, outre une psychothérapie. Reste que cette
maladie est entourée de tabous qui découlent de divers facteurs, notamment les
croyances culturelles, les attentes de la société et les idées fausses. La
dépression est souvent interprétée à tort comme un signe de faiblesse, de
paresse ou une simple «phase» dont les individus
devraient sortir par euxmêmes. Par conséquent, les
personnes qui en sont atteintes ont surtout peur d’être jugées, voire
stigmatisées. Le tabou de la dépression peut avoir des effets néfastes sur les
individus qui peuvent se sentir isolés, incompris ou même blâmés pour leur
état. Le manque de compréhension et de soutien peut exacerber les sentiments de
désespoir, aggraver les symptômes et entraver le processus de rétablissement.
De plus, le tabou peut empêcher les individus de rechercher une aide
professionnelle ou de divulguer leurs difficultés à leurs proches, prolongeant
ainsi leurs souffrances et aggravant potentiellement la gravité de leur
dépression. Briser ce tabou nécessite des efforts collectifs de la part des
individus, des communautés et des institutions. Pour le Dr Sayah,
il est primordial d’encourager un dialogue ouvert, fournir des espaces de
discussion sûrs et partager des histoires personnelles ce qui peut, selon elle,
aider à normaliser la conversation autour de la dépression et encourager les
individus à demander de l’aide sans crainte de jugement ou de rejet. Dans ce
sillage, la psychiatre rappelle que traiter la dépression nécessite une
intervention professionnelle. «Si vous ou quelqu’un
que vous connaissez présente des symptômes de dépression, tels qu’une tristesse
persistante, une perte d’intérêt, des changements d’appétit ou des habitudes de
sommeil, des difficultés de concentration ou des pensées d’automutilation, il
est essentiel de contacter un professionnel de la santé», insiste-t-elle. Le
tabou qui existe sur la dépression pose des obstacles importants aux personnes
qui cherchent de l’aide et à la société qui s’occupe efficacement de la santé
mentale. En brisant le silence, en favorisant la compréhension et en
encourageant les conversations ouvertes, nous pouvons créer un environnement
favorable qui donne la priorité au bien-être mental.