SANTE – MALADE- URGENCE
HYPERTENSIVE
© Synthèse El
Moudjahid, juillet 2023
QUAND L’HYPERTENSION
ARTÉRIELLE (HTA) atteint des niveaux très élevés, cela inquiète forcément les
médecins. En Algérie, malgré son bon traitement, l’incidence des urgences
hypertensives ne cesse d’augmenter. P our le Pr Sayah, du service d’anesthésie-réanimation à l’établissement
hospitalier spécialisé de Draâ Ben Khedda, à de Tizi Ouzou, «les
urgences hypertensives, en particulier l’HTA maligne, sont des phénomènes
rarement observés et moins de 1% de la population est hypertendue». «Mais depuis quelques années, de plus en plus de personnes
sont touchés», s’empresset-elle d’ajouter avant de
déplorer l’absence de directives par rapport à d’autres maladies, comme le
syndrome coronarien, et de plaider pour une prise en charge de cette urgence.
Elle soulève au passage le manque d’études à large échelle pour connaître avec
précision le nombre de personnes touchées par cette complication. Selon les
derniers chiffres datant de 2020, l’hypertension artérielle est la principale
cause de décès dans le monde avec 10,4 millions par an. Pour la Société
européenne d’hypertension artérielle, l’urgence hypertensive est définie comme
une tension artérielle substantiellement élevée, généralement supérieure à 180 mmgh/110 mmghHTA grade 3 avec des
lésions organiques modifiées par l’hypertension. La praticienne souligne,
toutefois, la nécessité de faire la distinction entre poussée hypertensive et
urgence hypertensive. Dans la première, il y a absence de retentissement sur
les organes cibles et généralement le traitement peut se faire en ambulatoire.
Pour la spécialiste, le contrôle des facteurs favorisant l’élévation
tensionnelle (anxiété, douleur, hypoxémie, hypercapnie, hypoglycémie…) est
important. Les principales urgences hypertensives sont représentées par les
syndromes coronariens aigus. Dans ce cas, le malade peut ressentir généralement
une pression ou une douleur thoracique, un essoufflement ou une fatigue. «L’atteinte des organes cibles comprend l’encéphalopathie
hypertensive, la pré-éclampsie et l’éclampsie,
l’insuffisance ventriculaire gauche aiguë avec œdème pulmonaire, l’ischémie
myocardique, la dissection aortique aiguë et l’insuffisance rénale. Toutes ces
atteintes sont rapidement progressives et souvent fatales»,
détaille la praticienne. Le diagnostic se confirme par la confirmation de
l’HTA, l’évaluation de la gravité et la recherche de l’étiologie. Selon elle,
mesurer correctement la pression artérielle nécessite de commencer en premier
par bien installer le malade et de répéter les mesures à deux minutes
d’intervalle. Elle exhorte les médecins à s’assurer de la réalité de l’HTA et
si elle n’est pas provoquée par divers facteurs -stress, effet de la blouse
blanche, insuffisance respiratoire, hypoglycémie, intoxication et fièvre. Après
confirmation de l’hypertension, il faut évaluer sa gravité avec la présence ou
non de souffrance viscérale aiguë et demander le niveau de pression artérielle
habituel du malade pour passer enfin au traitement. «Si
le médecin intervient dans des délais courts, les conséquences ne seront pas
fatales», assure le Pr Sayah. «L’interrogatoire
sur les facteurs déclencheurs doit se faire rapidement en cherchant des signes
neurologiques, troubles visuels, douleurs thoraciques permettant une meilleure
prise en charge», a-t-elle expliqué. Concernant les médicaments antihypertenseurs,
le Pr Sayah fait savoir qu’il n’y a pas de preuve de
supériorité d’un traitement antihypertenseur par rapport à un autre. «La déplétion volumique en cas d’urgence hypertensive doit
être traitée par un remplacement de volume intraveineux afin d’éviter une
baisse exagérée de la pression artérielle», renchérit-elle. La spécialiste
rappelle, enfin, que les urgences hypertensives sont des HTA sévères avec des
complications viscérales. «D’où la nécessité
d’hospitaliser le patient dans un centre adapté afin d’assurer sa surveillance rapprochée et
lui éviter toute complication irréversible», recommande-t-elle.