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Femmes/ Participation à la vie politique, Emploi, Violences/Etude Ciddef 2023

Date de création: 02-07-2023 12:31
Dernière mise à jour: 02-07-2023 12:31
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POPULATION – ETUDES ET ANALYSES- FEMMES/PARTICIPATION VIE POLITIQUE, EMPLOI , VIOLENCES/ETUDE CIDDEF 2023

 

Entre l’esprit des lois et leur mise en œuvre réelle, le fossé est souvent énorme. Il l’est d’autant plus lorsqu’il s’agit d’égalité. La présidente du Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme le rappelle en écrivant que «l'affirmation du principe d'égalité n'a pas eu le prolongement attendu dans une mise en œuvre effective. Elle affirme une discordance entre le droit et le fait, entre le droit et sa pratique effective». En signant l’éditorial de l’annuaire des femmes de 2023, Maître Nadia Aït Zai (Présidente de l’Association Ciddef)  affirme que «ce principe constitutionnel d'égalité s'analyse donc comme une injonction donnée à ceux qui édictent la règle de ne pas commettre d'inégalités et de mettre en place les correctifs visant à rendre concret le principe d'égalité». Pour elle, «l'égalité est donc avant tout un principe de volonté politique pour que la situation des femmes algériennes s'améliore quant à l'accès aux droits et aux différents services qui sont offerts aux citoyens». Pour prendre la mesure de ces efforts, le Ciddef a publié la nouvelle édition de «Femmes en chiffres», un annuaire avec des chiffres clé permettant d’établir des comparaisons. Ses rédacteurs affirment que les années de pandémie n’ont pas permis la collecte des données auprès des institutions et de l’Office national des statistiques. C’est donc sur la base des enquêtes les plus récentes et des données disponibles que l’annuaire a été élaboré.

 Participation à la vie politique : Toujours des préjugés ! :Il s’est intéressé à la participation des femmes à la vie politique en demandant aux personnes sondées ce qu’elles pensaient de l’élection des femmes à des postes de responsabilité comme celui de présidente d’APC, de députée ou de présidente de la République. Sans surprise, les hommes et les adolescents se disent globalement «prêts» à voter pour une femme pour être maire ou députée, par contre pour être présidente, ils sont respectivement 29,9% et 36,7% contre un pourcentage de 55,7% pour les adolescentes questionnées. Comment ont-ils justifié leurs positions ? Chez les hommes, les préjugés du type «cela ne se fait pas» représente 25% des réponses au même titre que «elle ne pourra pas être juste» alors que l’argument religieux reste le plus faible avec 16% des réponses faites par les hommes mais augmente à 23 % chez les femmes interrogées. D’après l’étude sur «les opinions et attitudes des Algériens vis-à-vis de la valeur d’égalité entre hommes et femmes et des droits des enfants», les femmes sont d’accord avec le système de «quotas» à 65% et en désaccord à 30%, alors que chez les hommes, c’est l’inverse qui est observé. En 2000, 70% des sondés se disaient prêts à élire une femme, un taux qui a baissé en 2008 pour être aux alentours de 53%. Les rédacteurs de l’annuaire notent que «les taux baissent de façon progressive mais constants pour les hommes».

Violences : plus de 80% exercées par  les époux ; Dans l’annuaire des femmes, une partie est également réservée aux violences subies par les femmes. Il en ressort qu’au cours de l’année 2022, le total des femmes se présentant aux services de police, victimes de violences physiques et sexuelles, est de 5 792. Les violences physiques sont le motif qui représente le taux le plus élevé pour lequel les victimes se présentent aux services de police, soit 57,72%, le second motif le plus élevé est le motif de mauvais traitements, 38,63%, puis le harcèlement sur la voie publique avec un taux de 1,04%. Au cours de la même année, 38 femmes ont perdu la vie des suites de ces violences. Quels sont les liens de parenté entre l’auteur des violences et la victime ? Les chiffres relèvent que les actes commis par une personne étrangère, y compris les collègues de travail, enregistrés par les services de police, représentent 43,48%. Elles sont le second taux le plus élevé après les violences commises par un membre de la famille. 6%, soit 900 000, des femmes interrogées affirment qu’elles ont été frappées au moins une fois «au point d’avoir mal», au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête de 2022. Les enquêteurs se sont intéressés aux auteurs des violences selon le statut matrimonial et ont constaté que concernant les femmes mariées, les époux représentent plus de 80%, suivis par le frère ou le père. Pour les femmes célibataires, il s’agit du frère dans 50% des cas, la mère dans 20% des cas, et enfin le père. Pour les femmes divorcées, les auteurs sont d’autres membres de la famille, l’ex-époux et même des personnes étrangères à la famille qui s’érigent en responsable des femmes. Quels sont les types de violences subies ? Les gifles arrivent en tête suivies par les coups de poing ou coups de pied, alors que les femmes questionnées évoquent également le fait d’être tirées par les cheveux. Quels sont les motifs invoqués ? La liste est longue, à commencer par «sortir sans hidjab» ou «sans motif» ou alors «sans être accompagnée par un membre de sa famille». Arrivent ensuite préserver «la moralité» de la femme en l’éloignant de l’espace public, préserver la femme des agressions extérieures, ce qui fait dire aux rédacteurs de l’annuaire que «cette protection est ambiguë, on ne peut distinguer avec précision les motivations de ces interdictions entre celles liées à la protection et celles liées à l’intériorisation effective du fait que la femme sans hidjab ou la femme dans l’espace public serait une provocation. La finalité est de limiter l’autonomie de la personne et donc sa mobilité, ou la fréquentation de l’espace public, ou la mixité avec les hommes». Mariage, alphabétisation, emploi :L’annuaire a également consacré une partie au mariage des jeunes filles, constatant que le mariage des filles âgées entre 15 et 19 ans était peu enregistré à l’état civil et représente le taux le plus élevé des mariages par jugement. Il s’agit souvent de jeunes femmes sans instruction ou de niveau préscolaire. Les jeunes femmes dont le mariage est enregistré à l’état civil par jugement ou dont le mariage n’est pas déclaré sont également sans niveau d’instruction. Il s’agit là, d’un cumul de plusieurs vulnérabilités les empêchant d’accéder aux opportunités permettant leur autonomisation». Cette même tranche d’âge est rencontrée à des taux élevés, dans les mariages consanguins, les mariages précoces et les mariages polygames. Ces mariages ont «des impacts néfastes multiples pour les adolescentes. Un intérêt particulier doit être accordé à cette tranche d’âge de jeunes femmes dont la vulnérabilité est accrue», concluent les rédacteurs de l’annuaire qui s’est également penché sur l’alphabétisation des femmes. Le taux d’alphabétisation des femmes âgées entre 15 et 49 ans est estimé à 84,0% dont 73,1% sont des résidentes en milieu rural contre 90,3% des résidentes en milieu urbain qui sont alphabétisées. Les femmes ayant les niveaux d’instruction, moyen, secondaire et supérieur sont 77,2%. En milieu urbain, elles représentent 84,9% et 63,7% en milieu rural. Sur le total des femmes interrogées, 93,9% disent occuper un emploi contre 74,5% qui disent ne pas l’être. 53,3% d’entre elles sont dans l’indice de bien-être économique le plus pauvre. Le taux des femmes occupées représente moins du cinquième du taux des hommes occupés. Les femmes sont majoritairement salariées dans le secteur public avec un taux de 70,6%, un peu moins de la moitié pour les hommes qui représentent 39,4%. L’annuaire fait ressortir que le secteur privé recrute peu d’hommes avec 22,2%, et encore moins de femmes avec un taux de 17,3%.