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Risques démographiques Monde et Algérie/ Etude A. Bessaha (I/II)

Date de création: 27-06-2023 19:36
Dernière mise à jour: 27-06-2023 19:36
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POPULATION- ETUDES ET ANALYSES-RISQUES DEMOGRAPHIQUES MONDE ET ALGERIE /ETUDE A. BESSAHA (I/II)

© El Watan, Abdelrahmi Bessaha, 25/06/2023

 

 

Le vieillissement de la population est un défi additionnel pour une grande du monde et un autre poids sur l’économie mondiale. Pendant des décennies, l’accroissement régulier de la population à travers le monde (facteur de création d’une richesse en constante augmentation) était la préoccupation des décideurs. 

Depuis plus de vingt ans, le taux de fécondité (le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à l’ensemble de la population féminine en âge de procréer) est en baisse, passant de 2,7 naissances par femme à moins de 2,1 (le taux de stabilité de la population) non seulement au niveau des pays avancés mais également -f ait nouveau - au niveau d’autres nations émergentes (Brésil, Chine, Inde, Mexique et Thaïlande).  Prenant appui sur ce trend, les démographes prévoient désormais que la population mondiale va atteindre un pic en 2050 et ensuite amorcer une baisse d’ici la fin de ce siècle. La préoccupation principale des gouvernements est le vieillissement de la population mondiale en raison de la baisse des naissances favorisée par la prospérité des familles qui ont ainsi choisi d’avoir moins d’enfants. 

Les flux migratoires nets, la technologie et des politiques publiques appropriées sont en mesure de compenser l’impact négatif du vieillissement de la population mondiale et soutenir ainsi la croissance à long terme. Pour ce qui est de l’Algérie, la population (45,7 millions de personnes à fin 2022) va augmenter de 15,2 millions de personnes à l’horizon 2050 pour se situer à 60,9 millions, augmentation accompagnée par ailleurs d’autres changements structurels qui ne manqueront pas d’avoir des conséquences importantes si des politiques publiques multisectorielles ambitieuses ne sont pas mises en place dès maintenant. 

Discutons de toutes ces questions. : Le concept de vieillissement de la population : Une population est dite «vieillissante» quand la part des personnes de 65 ans et plus atteint 7%. Une population est dite «âgée» quand la part des personnes de 65 ans et plus atteint 14%. Une population est dite «très âgée» quand la part des personnes de 65 ans et plus atteint 20%.Un vieillissement de la population mondiale en voie de généralisation. Ayant atteint après douze années 8 milliards de personnes le 15 novembre 2022, la population mondiale devrait, selon l’ONU, se situer à 9,7 milliards de personnes en 2050 et chuter à 8,6 milliards de personnes à la fin de ce siècle en raison d’un ralentissement de son taux de croissance. L’ONU ajoute que le vieillissement de la population mondiale et le ralentissement de la croissance de cette dernière qui affectaient 45 pays en 2022 dans le monde devraient désormais toucher 88 nations en 2050. 

Les facteurs explicatifs  incluent :  (1) la baisse de la fécondité : (qui a touché 124 pays en 2022 et devrait impacter 136 pays en 2030) affecte les pays riches et les pays émergents comme la Thaïlande (1.3), le Brésil (1,6) et l’Inde (moins de 2,1 : avec 1/5 de la population mondiale, les répercussions seront mondiales); et (2) l’augmentation de la longévité : ainsi, l’espérance de vie dans le monde est de 72 ans en 2022 et devrait s’améliorer davantage sur le long terme, entraînant une  progression de larges cohortes vers des âges plus avancés. En conséquence, une inversion de la pyramide des âges émergera du fait que les générations plus âgées seront remplacées par des cohortes de plus en plus petites (cas de la Chine où le nombre de Chinois âgés de 21 à 30 ans a baissé de 232 millions en 2012 à 181 millions en 2021 et devrait se situer à 100 millions dans les années 2040. 

Les conséquences. Le vieillissement continuera d’affecter :  (1) l’emploi : en raison de la baisse de la force du travail du pays et des pressions sur les marchés de l’emploi ; (2) la productivité (hausse de l’output par travailleur) et la croissance à moyen et long termes ; (3) les finances publiques : au niveau des recettes fiscales (baisse du nombre de contribuables), des dépenses (pour couvrir les besoins en soins à long terme et les retraites), du financement (système de sécurité sociale) et de l’endettement public (recours à la dette et hausse du ratio dette publique/PIB). D’ici 2050, il est prévu de passer de trois personnes âgées de 20 à 64 ans à moins de deux pour une personne âgée de plus de 65 ans ; (4) le secteur social (aggravation des inégalités de revenus entre les générations) ; et (5) la politique monétaire : qui sera compliquée par l’impact du vieillissement sur les agrégats épargne et investissement sur les activités bancaires. 

Les dispositifs à mettre en place pour gérer le vieillissement de la population :  Pour enrayer les impacts macroéconomiques et sociaux négatifs liés à une population vieillissante et un taux de natalité en baisse, les autorités ont trois pistes : (1) des augmentations de la productivité du travail au moyen de progrès techniques ; (2) des flux migratoires nets ; et (3) des politiques publiques bien ciblées améliorant le capital humain et les conditions de la croissance.  Le facteur technologique : source principale d’augmentation de la productivité. Toutefois, il peut éliminer purement et simplement des emplois et augmenter le chômage. A mesure que la composition par âge de la main-d’œuvre changera à l’avenir, la typologie de l’emploi de demain va radicalement changer. Ceci passera par le renforcement de l’innovation et de l’éducation et du suivi des gains de productivité de la part des autorités pour bien encadrer leurs projections budgétaires (une productivité moindre entraînera des déficits publics ; a contrario, une meilleure productivité contribuera à des excédents budgétaires).

Les flux migratoires nets : Selon l’ONU, en 2022, la part des flux migratoires dans les populations oscillent entre 22% pour l’Océanie, 15% pour l’Amérique du Nord, 11,6% pour l’Europe, 2,3 % pour l’Amérique latine, 1,9% pour l’Afrique et 1,8% pour l’Asie. Tous ces continents auront besoin à l’avenir de migrants instruits pour compenser le déclin démographique en cours. L’Afrique subsaharienne pourrait être une grande source de migrants potentiels pour de nombreuses années à venir (encore que le continent africain fait lui-même face à une chute rapide des taux de natalité). Le recours à l’immigration pour enrayer en partie le déclin démographique dans de nombreux pays est un palliatif partiel.