COMMUNICATION- THÉÂTRE- SAIM EL HADJ
On ne peut à propos parler du théâtre
sans citer le rôle joué par le regretté Saim El Hadj
et relever ses empreintes dans la promotion de cet art. Instituteur,
correspondant de presse, animateur de radio et de télévision, parolier, metteur
en scène, le regretté s’est donné pleinement à l’animation artistique pour
participer à la promotion des talents et faire le bonheur de quelques chanteurs
qui ont interprété admirablement ses poèmes. «Montparnasse»,
du chanteur marocain Abdelwaheb Doukali,
«Ya Mraya», des frères Migri,
«Fet eli fet», d’Ahmed et Wahbi, «El Gomri», de Sabah Essaghira, et la liste est longue, pour relever la grandeur
de cet homme de culture qui a côtoyé longtemps, au passage, le dramaturge
Abdelkader Alloula ou Abderrahmene
Ould Kaki pour faire entendre les coups du plancher
et attribuer au quatrième art ses lettres de noblesse. Il s’est établi,
d’ailleurs, à El Bahia pour explorer davantage le patrimoine de cette cité
ambiante et si attachante. Aux côtés de Blaoui El
Houari, Leila, Hajouti, Issad,
Abdellaoui et autres, il a, du moins, balisé une voie et donné des assises à la
culture oranaise, après avoir occupé le poste de directeur artistique de la
station régionale de télévision. La production artistique et littéraire était à
son apogée, sans doute pour qu’Oran rayonne et attire du monde. En fait, un tel
itinéraire était prévisible pour cet enfant du quartier El Graba
qu’il fréquentait régulièrement pour marquer une halte au niveau de sa place
mythique Tahtaha, assister à ces «halkate» et entendre avec concentration ces «gaouels». Sa mère, une des filles de la famille Issad qui animait les rencontres d’une zaouïa par des
chants religieux, a grandement influé sur El Hadj et son frère Lakhdar, qui
était un chanteur également, pour se distinguer par des chansons engagées,
telles que «Farhou Bel Ghayeb» ou «Ya Galbi la tgoul Mouhal». Ne le 13 mai 1935 à Sidi-Bel-Abbès, il a fait, dès son
jeune âge, l’école coranique pour ensuite se lancer dans l’art et innover,
parfois, dans les productions. Il fut l’un des promoteurs de la chanson Rai
pour défendre ce genre musical, jugé, selon lui, comme étant une manifestation
de sentiments d’exclusion et de marginalisation d’une jeunesse en quête d’une
intégration ou d’une insertion. Il décède en août 1994 après avoir consacré
toute sa vie à la culture. Avant sa mort, il a rêvé d’un immense spectacle «Son et lumière sur l’historique de la ville d’Oran» et la
réalisation d’un ouvrage consacré à l’anthologie de l’art. Auteur de nombreuses
pièces théâtrales, il a à son actif 600 émissions radiophoniques, 25 épisodes
sur Jugurtha et 15 autres sur Oueld Sidi Cheikh,
avant de passer en revue l’historique de la poésie populaire et explorer cet
art. Il fut l’un des initiateurs du premier festival du Rai de 1985, tenu à Oran.
Une véritable encyclopédie, sans doute, qui est occultée aujourd’hui ou peu
connue par une génération montante. Il a été tout bonnement oublié dans sa ville
natale d’abord, dont les gestionnaires du secteur et les élues locaux n’ont pas
songé à baptiser un établissement en son nom, pour la mémoire collective et la
perpétuité de ses œuvres.