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Migraine

Date de création: 25-06-2023 18:34
Dernière mise à jour: 25-06-2023 18:34
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SANTE – MALADIE- MIGRAINE

CONSIDÉRÉE COMME UNE MALADIE INVALIDANTE, la migraine touche quelque 17% des Algériens âgés de 25 à 54 ans, soit environ cinq millions de personnes. Le constat a été fait par le Pr Smaïl Daoudi, chef du service de neurologie au CHU Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou, lors d’une journée de formation, organisée le 21 juin 2023 , à Alger, au profit des médias nationaux par les laboratoires Beker, à l’occasion de la Journée mondiale de solidarité pour la migraine. La migraine n’est pas «un symptôme, mais une maladie peu connue et même considérée, depuis peu, comme une maladie neuro-vasculaire», indique le praticien. «En Algérie, elle est toujours vue comme une maladie invisible», a-t-il déploré. «Sur le plan physiopathologique, il y a une implication de plusieurs mécanismes de neuromédiateurs qui provoque cette inflammation», at-il expliqué. «Lorsqu’on voit les chiffres, on est affolé, mais dans la plupart des cas, elle n’est pas une maladie mortelle et 80 % des malades font une migraine non compliquée», a-t-il rassuré. Ce qui préoccupe les praticiens, ce sont les 20% qui font des migraines avec auras. «Les auras typiques comportent des troubles visuels, sensitifs, du langage et ou de la parole et moteurs», a-til précisé. Pour le Pr Daoudi, la banalisation des symptômes a fait que la maladie est sous-estimée et peu connue. La crise migraineuse est un chamboulement extraordinaire sur le plan de la description chimique, électrique biochimiste et métabolique du patient, d’où la nécessité de comprendre l’importance d’une prise en charge rapide. La migraine n’est pas une maladie banale, voire un simple mal de tête. Elle touche l’équilibre cérébral. Elle a un impact négatif sur la santé émotionnelle. Les malades ont une anxiété d’anticipation. Les symptômes psychologiques tels que la dépression, l’euphorie, l’irritabilité, la raideur dans la nuque, la sensation de soif, la fringale. Elle a une relation bidirectionnelle avec troubles mentaux tels que l’anxiété et la dépression. Depuis quelques années, les médecins se sont rendus compte qu’il existe des migraines chroniques qui impactent directement le rendement professionnel et altèrent la vie quotidienne avec 6 à 10 jours de migraine par mois. Les malades, a-t-il poursuivi, sont exposés au risque de faire des complications cardiovasculaires surtout si la migraine avec auras est associée à d’autres facteurs tels que l’HTA, l’obésité, le tabagisme, la contraception, a ajouté le Pr Daoudi en rappelant que les femmes sont plus exposées à ce trouble lié également à «la période de fluctuations des œstrogènes associées à des variations de la maladie migraineuse». Elle est classée en première position dans les maladies neurologiques. 90 % de la population a fait au moins une crise migraineuse. Ces complications justifient le cri d’alerte du praticien. Dans plusieurs pays, elle est considérée comme étant une maladie chronique et toutes les thérapeutiques sont prises en charge par la sécurité sociale. Maladie nullement bénigne, elle est aussi source d’absentéisme et d’échec scolaire chez les enfants qui souffrent d’une photophobie et de douleurs abdominales. Le traitement médicamenteux et le sommeil les aident à surmonter la crise. «Nous ne faisons pas semblant d’être malade, mais nous faisons semblant d’être bien», a-t-il lancé. Les crises migraineuses provoquent aussi des modifications vasculaires à l’origine de modifications métaboliques. «Les crises migraineuses sont l’exemple phare pour voir ce qui se passe dans le cerveau et comprendre plusieurs maladies», a-t-il soutenu. La céphalée coup de tonnerre, qui est une crise aiguë, est une urgence. Elle se souvient brusquement des personnes qui n’ont jamais eu de migraine. Ces malades risquent de faire une hémorragie cérébrale. S’agissant de médicaments, des progrès fulgurants ont été enregistrés ces 20 dernières années. Il annonce, au passage, une bonne nouvelle pour les malades atteints d’Alzheimer, de la sclérose en plaques et de Parkinson, car les chercheurs sont en train de développer de nouvelles molécules pour améliorer le pronostic vital. Le Pr Daoudi a mis en garde la population contre la consommation excessive des médicaments et le recours systématique à l’automédication créé une dépendance. «30 à 45 % des migraineux n’ont jamais consulté et ignorent leur statut de migraineux. La surconsommation d’antalgiques nonspécifiques retarde la prise en charge et complique la maladie. Certaines migraines font toujours de la résistance malgré les traitements», a-t-il asséné. Le conférencier a, enfin, plaidé pour la création d’un centre national antidouleur pour mieux s’occuper des malades, comme cela se fait ailleurs.