INFORMATIQUE- OPINIONS ET
POINTS DE VUE- CODE DE CONDUITE I.A/ SG ONU, 12 JUIN 2023
Antonio Guterres, SG de l’ONU : « L’intelligence
artificielle ne doit pas distraire de la désinformation en ligne »
Les nouveaux outils d’intelligence artificielle (IA)
ne doivent pas nous « distraire » des « graves dommages »
que cause déjà la désinformation en ligne, « risque existentiel »
pour l’humanité, a estimé lundi le secrétaire général de l’ONU, réclamant un
« code de conduite » international.
Notant
les avertissements « assourdissants » lancés à propos des nouvelles
formes d’intelligence artificielle, y compris par leurs créateurs, Antonio
Guterres a estimé qu’ils ne devaient « pas nous distraire des dommages que
la technologie numérique cause déjà à notre monde ». « La
prolifération de la haine et des mensonges en ligne provoque de graves dommages
au niveau mondial, maintenant », a-t-il déclaré lors d’une conférence de
presse.
« Cela
alimente les conflits, la mort et la destruction, maintenant. Cela menace la
démocratie et les droits humains, maintenant », a-t-il insisté, en
présentant une note d’orientation sur le sujet, qui fait partie d’une série de
recommandations dans la perspective du Sommet pour l’avenir en 2024.Il a ainsi
appelé à élaborer un « code de conduite des Nations unies pour l’intégrité
de l’information sur les plateformes numériques », qui servirait de
« référence » en la matière.
Parce
qu’aujourd’hui, même si les réseaux sociaux et autres outils en ligne ont
apporté de nombreux bénéfices, « ces mêmes plateformes ont aussi mis au
jour une face plus sombre de l’écosystème numérique », a-t-il précisé dans
cette note. « La capacité de disséminer à large échelle de la
désinformation pour saper des faits scientifiquement établis pose un risque
existentiel à l’humanité », a-t-il insisté, évoquant les risques de
violences, les fausses informations véhiculées lors de la pandémie de Covid-19
ou encore la propagation de thèses niant la responsabilité de l’humanité dans
le changement climatique. « Ces risques se sont encore intensifiés à cause
de l’avancée rapide de la technologie, comme l’intelligence artificielle
générative », qui permet notamment de créer des « deepfake »,
photos et vidéos truquées de plus en plus réalistes.
Dans ce
contexte, le Code de conduite qu’il propose devrait reposer selon lui sur une
dizaine de principes, dont l’engagement à respecter l’intégrité de
l’information, le respect des droits humains, le soutien des médias
indépendants, une plus grande transparence des réseaux (notamment sur leurs
algorithmes « connus pour amplifier » les fausses informations), une
accélération des mesures pour contrer cette désinformation de la part des Etats
et de tous les acteurs, tout en respectant la liberté d’expression et le droit
à l’information. « Nous devons apprendre des erreurs du passé », insiste
le secrétaire général dans sa note.
« Les
plateformes numériques ont été lancées dans un monde qui n’était pas
suffisamment conscient des dommages potentiels (qu’elles représentaient) pour
les sociétés et les individus, et qui ne les avait pas suffisamment
évalués ».
« Nous
avons l’opportunité aujourd’hui d’assurer que l’Histoire ne se répète pas avec
les technologies émergentes », a souligné Antonio Guterres. « L’ère
de la philosophie +avancer vite et casser des choses+ de la Silicon Valley doit
prendre fin ».