FINANCES- BANQUE- FINANCE
ISLAMIQUE ALGERIE 2023
Considérée comme un
levier de croissance et une voie pour attirer les liquidités thésaurisées ou en
circulation sur le marché parallèle, la finance islamique se développe en
Algérie depuis plusieurs décennies mais connaît, depuis trois ans, une avancée
exceptionnelle et une généralisation inédite à travers les banques publiques, à
la faveur d’un cadre législatif et réglementaire réformé. Lancée avec Al Baraka
Bank›, opérationnelle depuis 1991, et Al Salam Bank
Algérie, au début 2009, la finance islamique a connu, ces trois dernières
années, un saut qualitatif et quantitatif, marqué par un intérêt grandissant
d’une clientèle à l’affût d’offres en la matière. En application des
instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et du plan
d’action du gouvernement, la Banque d’Algérie a procédé, en 2020, à
l’encadrement de l’activité de la finance islamique par le règlement 20-02 du
15 mars 2020, définissant les opérations de banque relevant de la finance
islamique et les conditions de leur exercice par les banques et les
établissements financiers. Il y a eu ensuite l’instruction 03-2020 du 2 avril
2020 définissant les produits relevant de la finance islamique et fixant les
modalités et les caractéristiques techniques de leur mise en œuvre par les mêmes
institutions financières. Ce nouveau règlement a pris en charge les exigences
en termes d’étanchéité entre l’activité traditionnelle de la banque
conventionnelle et l’activité de la fenêtre islamique et ce, dans les domaines
comptable, administratif, organisationnel et de conformité. En parallèle et en
interne, toutes les banques publiques ont lancé les actions nécessaires à la
commercialisation des produits de la finance islamique, par la création d’une
structure, direction ou service, chargés uniquement de la finance islamique,
ainsi que par la mise en place d’un comité de contrôle charaïque et la création
d’un service dédié à l’audit de conformité charia, en plus de la formation du
personnel et la création d’un système d’information, d’un plan de communication
et d’un plan de comptes et de schémas comptables y afférents.
En août 2020, la BNA
annonçait le lancement de la commercialisation des produits de finance islamique
à travers ses agences, suivie par le CPA, en octobre 2020 et puis la CNEP-Banque
à la même année. La BADR inaugure le nouveau service de la finance islamique
qu’elle propose à sa clientèle en avril 2021, la BDL et la BEA emboîtent les
pas en décembre 2021. Ainsi, depuis son lancement en 2020 et jusqu’à fin 2022,
près de 600 milliards DA ont été collectés par les
banques algériennes dans le cadre de la finance islamique, selon l’Association
professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef). Dans le cadre de la loi de finances complémentaire
de 2021, une législation spécifique adaptée à la finance islamique en matière
d’Impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), d’Impôt sur le revenu global (IRG),
de Taxe sur l’activité professionnelle (TAP), de droits d’enregistrement et de
la taxe de publicité foncière, de la TVA et de bonification des taux
d’intérêts, a été adoptée. Des bonifications par le Trésor des taux d’intérêts
sont également accordées aux crédits des banques et des établissements
financiers. La révision de la loi relative à la monnaie et au crédit, adoptée
récemment, promet d’accroître le rythme de la croissance de la finance
islamique pour mieux répondre aux exigences de la réforme économique escomptée.