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Rompan Djawad RostomTouati- "Misère de la littérature"

Date de création: 05-06-2023 18:34
Dernière mise à jour: 05-06-2023 18:34
Lu: 370 fois


CULTURE- BIBLIOTHEQUE  D’ALMANACH- ROMAN DJAWAD ROSTOM TOUATI- «  MISÈRE DE LA LITTÉRATURE »

Misère de la littérature. Roman de Djawad Rostom Touati. Apic Editions, Alger 2023, 208 pages, 800 dinars

Son  roman (-essai) « Un empereur nommé désir ». Anep Editions, Alger 2016. 383 pages était un véritable pavé, une sorte de « contre-roman de gare », écrit par un érudit incontestable (on s’y perd dans les références .... dans le vocabulaire ....dans des poèmes.... dans les digressions explicatives ....et dans quelques scènes asez « chaudes » !) , avec une grande maîtrise de la langue et de la littérature Comme dans une pièce de théâtre,  le héros, Nadir (le bien nommé) , tombeur de ces dames, est  à la recherche d’une aventure . Pour lui, « les femmes avaient toujours été le défaut de la cuirasse : la seule jouissance terrestre qui le retenait au monde ; tout le reste était contingent »....... Une sorte de Omar Gatlatou bien nanti

Avec le second roman , « La civilisation de l’ersatz ».  Apic Editions, Alger 2019, 200 pages, on a donc Farid qui , après avoir « violé » une lointaine cousine hébergée (veuve et mère de deux enfants, donc désarmée ),pris de remords,  s’en ira écumer les chantiers d’entrepreneurs sans foi ni loi…..On a Malia, devenue mère célibataire dont l’histoire est « exploitée » par Malika, la petite bourgeoise « révolutionnaire » ( ?!) qui veut à tout prix « percer »  ….On a Rami , l’as du marketing , toujours puceau,  assez « coincé »  en matière de femmes. On a  Adib, l’ apprenti-essayiste ; lequel après avoir abandonné son idée de « fédérer » la jeunesse, se rabat sur l’écriture, peaufinant un essai qui synthétiserait les réflexions qu’il avait polies au fil et au feu des différents débats menés ça et là. Et puis, il y a  Nadir, le méfiant envers tout embrigadement, il y a Yacine, il y a un parti politique,il y a  une association…..Tout un beau (sic !) monde qui se croise, chacun avec son bagage socio-culturel, certains motivés pour changer le cours de leur vie, pensant que l’herbe est toujours plus verte (ou le soleil plus chaud) ailleurs ; d’autres résignés à l’idée que le monde est fait ainsi, avec ses « dominants « et ses « dominés », et d’autres encore , suffisants à eux-mêmes cherchant leurs rédemptions dans les malheurs des autres ….L’Algérie d’aujourd’hui ?

 Ce troisième roman ( ?!) vient, en principe,  terminer  la trilogie programmée , « Le culte du ça ».On retrouve Nadir le poète dilettante, lequel pour extirper les origines  du mythe néocolonial , s’engage à manier la rime envers et contre tous les idéologues du défaitisme et du dénigrement.A ses côtés, Lina, une jeune universitaire et romancière..Les deux -autour desquels gravitent des personnages secondaires - sont à la recherche de la vérité et du bonheur . Sans oublier la référence quais-permanente aux auteurs, philosopphes et penseurs étranger et algériens (Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine ) qui ont forgé leur façon de voir le monde et les autres. Il questionne (égratigne ?) , au passage  le rapport des écrivains algériens avec la langue de Molière (dont il fait un bel usage) , l’apport de la critique, le rôle de la littérature et de l’écriture dans notre société mais surtout interroge l’intérêt des livres dits de gare et pointe du doigt certains auteurs qui se complaisent à produire des livres selon une recette, celle du succès commercial. Ici, il dresse le portrait (du vitriol ?) d’un écrivain « aigri de n’être pas reconnu en son pays (.......) , « génie incompris », non reconnu comme « le premier écrivain de son temips ». Suivez mon regard !

 

 

L’Auteur : à Alger en 1985, licencié en économie internationale et titulaire d’un master en management. Prix de la meilleure nouvelle (Arts et Culture, 2005 puis du Feliv en 2015), il a obtenu le 2è prix Ali Maâche 2016, avec son  roman (-essai) « Un empereur nommé désir ». Anep Editions, Alger 2016. 383 pages.

Extraits : « Demande -toi pourquoi tu veux publier ce livre : si c’est uniquement pour te faire une notoriété ,  alors aucun souci  aussi bien ici qu’outre-mer, on est toujours complaisant envers les musulmanes délurées.Surtout que tu vas offrir aux semi-cloîtrées des couches moyennes , à mi-chemin entre tradition formelle et fantasme libertaire, le modèle rêvé d’évasion intégrale » (p120), « L’atomisation de la vérité est pire que le mensonge intégral, en ce que le mystifié, en voyant juste sur un objet en particulier, croit que le mensonge alentour participe de cette vérité  » (p 159), «  La critique de bonne foi, mais qui ne s’attaque qu’aux symptômes , et néglige la racine -qu’elle n'identifie pas- suscite la complaisance des dominants qui laissent dire » (p 159), « On peut faire mine d’ignorer la laisse, tant qu’elle est assez longue pour qu’on ne voit pas la main qui la tient, et donne l’illusion que l’aboyeur enragé se meut librement » (p 161)

Avis : Roman, pamphlet, poésie et prose....et exercice de style. Un peu de tout , de tout un peu

Citations : « C’est la lutte pour la vérité qui donne du talent »  (p 108), « Si le rêve n’est pas le frère de l’action, il devient le père de la schizophrénie » (p 124), « La satisfaction d’être approuvé par des personnes intelligentes est encore moins jouissive que celle d’être dénigré par des imbéciles  » (p124)