SANTE- MALADIE- ENFANTS DE LA LUNE
Dans un entretien, Kahina Hadjara,
porte-parole de l’Association des enfants de la lune, revient sur la dernière
opération de solidarité qui a permis la collecte d’un lot de médicaments. Elle
évoque également le plaidoyer qui sera adressé aux ministères de l’Education et
de la Santé (Extraits article El Watan, samedi 3 juin
2023)
Les
enfants de la lune, ce sont des enfants mais aussi des adultes atteints d’une
maladie rare, qui s’appelle xéroderma pigmentosum.
C’est une maladie malheureusement incurable et ces personnes souffrent d’une
sensibilité aux rayons ultraviolets (UV) . C’est pour
cela qu’ils ne peuvent pas s’exposer à la lumière et au soleil au risque d'un
cancer de la peau.
Malheureusement,
les produits entrant dans le protocole de soins préventifs pour protéger la
peau de ces malades sont classés comme produits cosmétiques, donc non
remboursables par la CNAS. Les crèmes solaires, les aqualarms
ou la vitamine D relèvent d’un traitement obligatoire et quotidien, selon les
cas. Mais les prix ne cessent d’augmenter et deviennent une charge intenable
pour les familles comptant un enfant de la lune ou plusieurs sous le même toit.
Pour
ce qui est de l’état des lieux de leur situation, la triste réalité est que
nous enregistrons une moyenne de vie qui ne dépasse pas les 22 ans. C’est une
situation dramatique sachant que dans d’autres pays, la moyenne de vie est
nettement plus élevée. Le manque de prise en charge et de sensibilisation de
parents pour protéger leurs enfants fait que cette catégorie d’enfants ne vit
pas longtemps et nous enregistrons des décès continuellement.
- Combien sont-ils aujourd’hui ?
A
notre niveau, nous disposons d’une liste de 200 enfants et adultes. Mais nous
pensons que le nombre des personnes malades dépasse le double sur le territoire
national. Il n’existe pas de statistiques officielles en la matière.
- Qu’en est-il des appels lancés par votre
association en direction des différents ministères ?
Nous
avons lancé plusieurs appels aux pouvoirs publics pour les prendre en charge,
surtout que les soins ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale et
représentent un fardeau pour les familles dont la plupart ne dispose que d'un
revenu modeste. L’idéal serait de doter ces patients de tenues protectrices
leur permettant de vivre plus longtemps.
Néanmoins,
ces tenues sont indisponibles sur le marché local et coûtent extrêmement
chères. A défaut, permettre un accès gratuit aux différents produits entrant dans
le protocole de protection demeure une de nos revendications essentielles.
Lors
d'un des Conseils des ministres, le président de la République a instruit le
ministère de la Santé de prendre en charge les personnes atteintes de maladies
rares. Nous sommes en train de préparer un dossier pour le déposer au niveau du
ministère de la Santé et éventuellement du ministère de l’Education ainsi que
celui de la Solidarité.
- Plusieurs opérations de solidarité ont eu lieu, à
l’exemple des collectes des bouchons en plastique dont les revenus sont
dédiés à l’achat de médicaments…
Les
bouchons en plastique ne sont qu'une petite goutte dans un océan de solutions.
C'est une action écologique et humanitaire qui n'est absolument pas suffisante
pour subvenir aux besoins des malades. C'était plus une manière de sensibiliser
et faire connaître la maladie qu'autre chose.
On
vient d’ailleurs d’acheter un lot important de médicaments, comme les pommades
et les crèmes, grâce à la vente de ces bouchons. Les autres associations peuvent
nous aider à faire de cette simple collecte de bouchons une action qui
perdurera, ou organiser des actions ou un événements
au profit des enfants de la lune pour faire connaître un plus leur maladie et
leur souffrance.
Après,
il est vrai que des dons de crèmes solaires et autres sont les bienvenus. Des
partenariats avec des associations dans le domaine de la santé pour pouvoir
prendre en charge les enfants seraient aussi les bienvenus. Mais le travail de
fond doit être fait par les différents ministères.
Extrait Wikipedia : Décrit en
1870 par Moritz Kaposi, le xeroderma pigmentosum,
ou maladie des « enfants de la Lune », est une maladie
héréditaire d'origine génétique très rare (1/1 000 000). Elle se caractérise par une sensibilité
excessive de la peau aux rayons ultraviolets, des troubles oculaires et un risque fortement
accru de développer un cancer de la peau ou des yeux.
Concrètement, les mécanismes de réparation de l'ADN sont
inopérants et n'arrivent pas à réparer notamment les dimères de thymine. Plus précisément, ces patients sont déficients dans
l'un des gènes codant les protéines participant au mécanisme de réparation par
excision de nucléotides. Les mutations dues à
l'environnement (surtout les ultraviolets) s'accumulent donc au cours des mitoses successives.
Le xeroderma pigmentosum (XP) touche les
deux sexes. En fonction de sa forme et de l'âge auquel il se déclare, il réduit
significativement l'espérance de vie du malade.