ENVIRIONNEMENT-
ENQUÊTES ET REPORTAGES- TEXTILES USAGÉS IMPORTÉS EN AFRIQUE 2019
Selon
un récent rapport du centre thématique européen sur l’économie circulaire et
l’utilisation des ressources sur «les
exportations européennes de textiles usagés dans l’économie circulaire
européenne», l’Europe exporte une bonne partie des vêtements déjà utilisés
vers l’Afrique. En 2019, ce taux était de 46% contre 60% en 2000. Certes, le
chiffre est en baisse, mais l’Afrique reste toujours la première destination
des déchets textiles exportés par l’UE à un prix moyen de 0,57 euro par
kilogramme (kg).
Ainsi,
à défaut de faire dans le recyclage, faute de capacités et de moyens, au cours
des deux dernières décennies (de 2000 à 2019), les exportations européennes de
textile usagé ont explosé, passant de 550 000 tonnes en 2000 à près de
1,7 million de tonnes en 2019. En moyenne, la quantité de textiles usagés
exportés en 2019 était de 3,8 kg par personne, soit 25% des quelque 15 kg de
textiles consommés chaque année dans l'UE.
La
Tunisie, le Ghana, le Cameroun, le Togo et le Nigeria étaient les principaux destinataires
de ces exportations durant cette période. Si en Asie, ces produits sont triés
et traités avant d’être transformés ou réexportés, en Afrique, ils finissent
par être commercialisés majoritairement dans le circuit informel. Aussi, selon
la même source, environ 60% des produits de textile-habillement usagés importés
à ce niveau sont réutilisés localement via le marché de l’occasion dans lequel
les ventes au poids ont fortement augmenté.
C’est
le cas justement en Algérie où le nombre de magasins spécialisés dans ce
créneau a explosé ces dernières années, s’alimentant principalement notamment
pour ce qui est de la friperie via la contrebande (aux frontières Est), à
partir de la Tunisie qui figure parmi les principaux acteurs africains du
textile usagé, puisque la friperie est interdite d’importation en Algérie
depuis 2009. Cependant, l’activité n’a jamais cessé.
En
plus de l’impact négatif sur le secteur du commerce via la prolifération de
l’informel, ces importations massives nuisent à l’environnement. Ce que met en
exergue le rapport en question. Dans le continent noir,
40% des textiles importés s’entassent dans les décharges à ciel
ouvert. Et pour cause, à ce niveau également, les capacités de recyclages sont
limitées voire indisponibles dans de nombreux cas. Ce qui provoque une forte
dissémination de fibres plastiques dans l’environnement et met en danger la
santé des populations locales et les milieux aquatiques.
L’Agence
européenne pour l’environnement (AEE) souligne, dans ce sillage, que la pression
environnementale des produits textiles s’exerce ainsi à la fin de la chaîne de
valeur, lorsqu’ils sont jetés à des milliers de kilomètres de l’Europe, notant
que le secteur du textile-habillement constitue la quatrième catégorie de
consommation ayant l’impact le plus important sur l’environnement et le
changement climatique après l’alimentation, le logement et le transport.
Selon
les experts de l’AEE, un meilleur suivi des textiles usagés pourrait aider à
mieux gérer la situation et à résoudre le problème. D’autant que, selon le
rapport, il y a une grande incertitude quant aux types de textiles exportés
ainsi qu’à leur qualité. C’est la grande question justement.