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Histoire

Journée du Dimanche 25/01/2021

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-La réaction de la France officielle qui refuse toute forme de repentance et d’excuses envers l’Algérie, suite au rapport de l’historien Benjamin Stora sur la colonisation, a été qualifiée d’"inquiétante" par le chercheur en Histoire, Gilles Manceron, qui appelle ainsi la "France à formuler des excuses". G. Manceron fait référence au tweet de la présidence de la République française, juste après la remise du rapport de Stora, dans lequel, a-t-il précisé, il est mentionné que "des actes symboliques sont prévus, mais ni repentance, ni excuses", qualifiant ainsi ce tweet "d’inquiétant". Dans un entretien accordé lundi à l'APS, l'historien spécialiste du colonialisme français soutient que ce tweet "laisse présager une reprise très partielle du rapport, accompagnée de propos qui donneraient des gages aux nostalgiques de la colonisation", estimant que "cela est à suivre de près, car l’important, ce n’est pas le rapport, mais les conclusions que le Président (Macron) va en tirer". Il a rappelé que le thème du "refus de la repentance a été utilisé en France, notamment par Nicolas Sarkozy et ceux qui soutenaient sa présidence, comme un moyen de refuser la reconnaissance des crimes de la colonisation et de dire la vérité à leur sujet". M.Manceron a, en outre, fait observer que "la presque totalité des historiens, en France comme en Algérie, demandent une reconnaissance et un discours de vérité", relevant que ces derniers "écartent le terme de repentance, qui est une arme dans les mains des ennemis de la reconnaissance et de la vérité, un épouvantail qu’ils agitent pour les écarter". "En ce qui concerne l’idée d’excuses au nom des institutions de la France pour ce qu’elles ont commis dans le passé, cela me semble différent. Il faudra, à mon avis, que la France officielle vienne à un moment à formuler des excuses, mais l’important aujourd’hui est de faire avancer dans l’opinion l’idée qu’il faut une reconnaissance et un travail de vérité". Au sujet de la torture pratiquée durant la colonisation en Algérie, l'historien a rappelé qu’Emmanuel Macron a fait une "déclaration importante en septembre 2018 quand il avait rendu visite à la veuve du chahid Maurice Audin, torturé et assassiné par des militaires français, en lui demandant pardon au nom de la France et en disant que cette pratique de la torture suivie d’exécutions sommaires était alors systématique". Et d’ajouter : "Mais il s’est arrêté là. Il aurait dû présenter les mêmes excuses au nom de la France à Malika Boumendjel, la veuve d’Ali Boumendjel, malheureusement décédée il y a peu sans les avoir reçues, comme le dit aujourd’hui sa nièce, Fadhila Chitour-Boumendjel", notant ainsi qu’"il reste beaucoup à faire de la part de la France officielle, pour les victimes connues comme pour les milliers d’autres que le site 1000autres.org essaie de sortir du silence et de l’oubli". G. Manceron a également expliqué que "ce qui peut justifier qu’en France, on commence par évoquer le cas de Boumendjel, c’est que c’était un avocat et un brillant juriste, élève d’un professeur de droit très connu, René Capitant, qui avait été ministre du Général de Gaulle et quitté son enseignement pour protester contre l’assassinat d’Ali Boumendjel". Toutefois, l'historien a rappelé que "d’autres personnalités algériennes ont été torturées et assassinées au même moment, lors de la Bataille d’Alger", citant entre autres le président de l’Association des Oulémas algériens, Larbi Tebessi, "qui suscitait, dès les années 1930, l’enthousiasme des Algériens par ses déclarations en faveur d’une Algérie libre du joug colonial où tous ses habitants auraient leur place, quelles que soient leur origine et leur religion". Rappelant que "des parachutistes français avaient enlevé Larbi Tébessi à son domicile à Alger, le 4 avril 1957 et qu’il n’y eut plus jamais de nouvelles de lui", M. Manceron a estimé que "la famille de cette personnalité musulmane doit recevoir, elle aussi, les excuses de la France". Enchaînant sur la question relative à la levée du secret-défense sur les archives, G. Manceron a relevé que des forces au sein de l’armée française sont derrière le "blocage", signalant qu'il y a aujourd'hui une bataille menée par de nombreux historiens, archivistes et juristes pour s'ériger contre ceux qui "veulent empêcher la libre communication des archives, prévue par la loi, au prétexte d’un processus complexe de 'déclassification', document par document, par les institutions qui les ont émis, c’est-à-dire le plus souvent l’armée". "Encore aujourd’hui, il y a dans l’armée française des forces qui s’opposent à la reconnaissance et à la vérité sur cette page de notre passé. C’est de là que vient le blocage", a-t-il relevé. Toutefois, a-t-il ajouté, "il y a d’autres forces dans la société française qui demandent la reconnaissance et la vérité sur cette page de notre histoire", soulignant que ces "forces l’emporteront tôt ou tard. J’espère bientôt". "La demande de connaissance et de vérité sur la lutte d’indépendance nationale qui se manifeste actuellement dans la société algérienne, va dans le même sens que ce combat d’une partie de la société française", a-t-il conclu.