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Histoire

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  • 22-04-2022
    -Discrète sur son passé de combattante, l’icône de la résistance algérienne, Djamila Boupacha, 84 ans, sort de sa réserve. Elle était, vendredi, l’invitée de France Inter. La grande Djamila apparaît majestueuse sous les feux des projecteurs, frêle silhouette, élancée et posture de dignité. C’est son trait de caractère permanent dans ses rares apparitions depuis 60 ans. Les téléspectateurs découvrent ce même regard, ces mêmes grands yeux noirs qui ont tellement impressionné Pablo Picasso. Elle livre un poignant témoignage sur un segment de ses mémoires. Elle pèse ses mots qui semblent sortir du plus profond d’une âme meurtrie. Elle est accueillie dans le studio sous un tonnerre d’applaudissements. Elle lève légèrement la tête et répond respectueusement par un doux sourire. Elle parle moins d’elle-même que de Gisèle Halimi, son avocate. Pour Gisèle, «l’affaire Boupacha» a été plus qu’un engagement. Un idéal de vie qui a transcendé les dangers et menaces de mort de l’OAS. Djamila passe silencieusement l’épreuve des tortures vécues entre les mains du sinistre Aussarès. Elle ne parlera pas du supplice de la bouteille comme elle s’était confiée à sa «sœur» Gisèle. Accusée d'avoir déposé une bombe, elle est arrêtée, avec son père, son frère, sa sœur Nafissa. On lui fixa des électrodes aux seins, puis on les appliqua aux jambes, à l'aine, sur le visage. Des coups de poing et des brûlures de cigarettes alternaient. Elle est suspendue au-dessus d'une baignoire où on l'immergea à plusieurs reprises. Sur le plateau, Djamila ne dit rien. Elle raconte autre chose. «Au procès, Gisèle n’était pas avec moi. Elle était mon seul espoir. On l’avait empêchée. Ma défense était confiée à des commis d’office. Pour parvenir à la peine capitale. Je refusais les avocats. Je voulais Gisèle.» Dans ses mots, l’impression que l’horloge s’est figée un 10 février 1960 à son arrestation (© Rachid Lourdjane/El Moudjahid, dimanche 24/4/2022)