HYDRAULIQUE-
ETRANGER- ACCES A L’EAU/MONDE 2050
© Lyès
Menacer/Liberté, mercredi 6/10/2021
Depuis
2000, le nombre de catastrophes liées aux inondations a augmenté de 134% par
rapport aux deux décennies précédentes mais le nombre et la durée des
sécheresses ont également augmenté de 29% au cours de cette même période.
L’accès à
l’eau devient de plus en plus difficile pour une large partie de l’humanité et
la crise va encore s’accentuer d’ici à 2050, alerte un nouveau rapport de
l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui estime à plus de 5 milliards,
les personnes qui seront touchées dans trente ans. “En 2018, 3,6 milliards de
personnes n’ont pas eu un accès suffisant à l'eau pendant au moins un mois.
D'ici à 2050, elles devraient être plus de 5 milliards”, lit-on dans le rapport
de l’OMM, rendu public hier sur le site de cette organisation onusienne. “Le
manque d'eau continue d'être une source majeure de préoccupation pour de
nombreuses nations, notamment en Afrique. Plus de 2 milliards de personnes
vivent dans des pays soumis à un stress hydrique et souffrent du manque d'accès
à l'eau potable et à l’assainissement”, a déclaré le Secrétaire général de
l'OMM, Petteri Taalas, lors
d’une conférence de presse à Genève.
L’OMM
explique que “la plupart des décès liés à la sécheresse se sont produits en
Afrique, d’où la nécessité de renforcer dans cette région les systèmes d'alerte
précoce de bout en bout”. Et d’ajouter : “En 2020, 3,6 milliards de personnes
ne disposaient pas de services d'assainissement gérés de manière sûre, 2,3
milliards n'avaient pas accès à des services d'hygiène de base et plus de 2
milliards vivaient dans des pays soumis à un stress hydrique sans accès à l'eau
potable.” Alors que l’eau constitue déjà une source de conflits dans plusieurs
régions du monde, dont l’Afrique, où cette ressource est rare et mal exploitée,
“ces 20 dernières années, le stockage de l'eau dans les terres (à la surface du
sol et dans le sous-sol – humidité du sol, neige et glace incluses) a diminué
d'un centimètre par an”, explique le rapport de l’OMM auquel ont participé une
vingtaine d’autres organisations internationales.
“Les
pertes les plus importantes se produisent en Antarctique et au Groenland, mais
de nombreuses zones très peuplées situées à des latitudes plus basses
connaissent des pertes significatives dans des endroits qui assurent
habituellement un approvisionnement en eau, ce qui a des conséquences majeures
pour la sécurité hydrique”, notent les auteurs de cette enquête, soulignant que
“la situation s'aggrave du fait que l'eau douce utilisable et disponible ne
représente que 0,5% de l'eau présente sur terre”. Et d’insister sur le fait que
“la fréquence des aléas hydrologiques a augmenté ces 20 dernières
années”.
Chiffres
à l’appui, l’OMM affirme que “depuis 2000, le nombre de catastrophes liées aux
inondations a augmenté de 134% par rapport aux deux décennies précédentes.
C'est en Asie, là où les systèmes d'alerte de bout en bout pour les crues
fluviales doivent être renforcés, que l’on a enregistré la plupart des décès et
des pertes économiques liés aux inondations”. Paradoxalement, “le nombre et la
durée des sécheresses ont également augmenté de 29% au cours de cette même
période”. Cela dit, le rapport de l’OMM ne manque pas de noter qu’“au
total, 75 pays ont fait état d’une utilisation de l'eau d'une efficacité inférieure
à la moyenne, dont 10 d'une efficacité extrêmement basse”, lit-on encore sur le
site de cette organisation.
Le manque
de données fiables sur les ressources hydriques de certains pays pose aussi
problème pour une lutte efficace contre la déperdition de cette ressource
vitale. «Environ 60% des services météorologiques et
hydrologiques nationaux, à savoir les organismes publics nationaux chargés
d’offrir des informations hydrologiques de base et des services d'alerte aux
gouvernements, au grand public et au secteur privé, ne disposent pas de toutes
les capacités nécessaires pour fournir des services climatologiques à destination
du secteur de l'eau”, regrette l’OMM.