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Deshayes Eugène /Tipasa

Date de création: 25-12-2019 20:07
Dernière mise à jour: 25-12-2019 20:07
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CULTURE- ARTS PLASTIQUES- DESHAYES EUGÈNE/TIPASA

(c) M’hamed H /El Watan, dimanche 22 décembre 2019

L’état du cimetière chrétien de Tipasa mérite une sérieuse prise en charge. Il est inondé par les mauvaises herbes.

A l’entrée de cet équipement public dans lequel repose un artiste peintre de renommée internationale Eugène, des troncs d’arbres, des branches jonchent le trottoir.

Bref, Eugène Deshayes est né le 12 juillet 1862 à l’hôpital Mustapha d’Alger. Il décède chez lui à Bouzaréah (Alger) le 24 novembre 1939. Sa vie aura été riche en évènements et découvertes. A l’âge de 20 ans, il décroche une bourse d’étude en France. En 1890, Eugène Deshayes expose ses toiles à Alger. Ses tableaux décrivent les différents quartiers de la capitale française, Paris. En 1897, il retourne à Paris pour y vivre deux années, afin de mieux connaître cette fois-ci les régions de l’hexagone, s’imprégner de la vie des populations de ces régions visitées.

En 1909, l’artiste peintre s’installe à Alger. Il fréquente dans un premier temps les quartiers populaires de la capitale algérienne encore sous domination du colonialisme français.

Convaincu des richesses culturelles qui rythment le quotidien des habitants des quartiers d’Alger, Eugène Deshayes se familiarise avec les senteurs, les traditions vestimentaires, culinaires et architecturales des quartiers qui jalonnent son parcours. Ses toiles le trahissent. Elles dégagent ses sentiments. Elles illustrent les paysages féeriques et les beautés des sites naturels.

Indiscutablement, Eugène Deshayes suscite l’admiration. Sa notoriété grandissait. Son imagination et la fraîcheur de ses œuvres provoquent les débats. Eugène Deshayes pousse sa curiosité. Il demeure en quête du savoir et d’autres horizons. Il s’aventure dans le Sahara, cet autre univers achalandé par ses paysages lunaires qui font rêver. Armé de pinceau et de son chevalet, il immortalise cette panoplie de paysages naturels, des paradis terrestres, qui s’invitent et défilent dans son regard. Eugène Deshayes est conscient de l’importance de son trésor culturel, inédit. Il compte le faire découvrir au-delà des frontières de son pays, l’Algérie.

Il part à la conquête du monde, en passant par les pays du Maghreb, d’Europe et de l’Amérique. L’annonce du lieu et de la date du vernissage de ses œuvres produisent le grand rush des curieux et de ses admirateurs.

Eugène Deshayes suscite l’événement culturel là où il passe. Pour la première fois, lors d’un séjour à l’hôtel Césarée à Cherchell, pendant la saison estivale en 1932, l’artiste peintre Eugène Deshayes se plaint d’une très forte douleur. Il avait du mal à supporter la terrible douleur. Ses déplacements deviennent rares.

Néanmoins, avec son âme d’artiste, un cœur qui ne bat que pour l’art de la peinture, un esprit mobilisé à son art, l’artiste peintre décide de passer le reste de sa vie sur les hauteurs d’Alger, à Bouzaréah, à la villa Ric et Rac. La Seconde Guerre mondiale éclate en 1939. En dépit de cette atmosphère, qui s’est abattue dans le monde, engendrant de fâcheuses conséquences, avec la perte des vies humaines, Eugène Deshayes décide de perpétuer son art.

Il se prépare alors pour participer à une exposition qui devait avoir lieu au mois de décembre 1939. Le destin l’aura voulu autrement. Eugène Deshayes était admiratif, amoureux des senteurs et la nature des paysages de la petite agglomération de Tipasa, située à l’ouest d’Alger. Il avait émis le vœu d’être enterré au cimetière chrétien de Tipasa.

Ses proches avaient exaucé son vœu. Sa dépouille a été transférée de son domicile à Bouzaréah jusqu’à ce petit cimetière. La tombe d’Eugène Deshayes, ce peintre méconnu, se trouve à quelques mètres de l’entrée au pied d’un palmier, et ce, depuis le mois de novembre 1939. A proximité de ce cimetière, se trouve une école régionale des arts plastiques. Les blocs de béton érigés face à la tombe effacent les paysages naturels d’autrefois, tant adorés par l’artiste.

Les touristes défilent à Tipasa sans marquer une halte de reconnaissance envers celui qui est né à l’hôpital Mustapha d’Alger, ayant consacré sa vie à faire connaître les quartiers populaires algérois et l’étendue du Sud algérien. Même le secteur de la culture ignore sa présence à Tipasa.