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Essai Giuliana Sgrena - "Les révolutions violées...."

Date de création: 02-07-2020 10:49
Dernière mise à jour: 02-07-2020 10:49
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RELATIONS INTERNATINALES- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ESSAI GIULIANA SGRENA- « LES RÉVOLUTIONS VIOLÉES….. »

Les révolutions violées. Printemps laïc, vote islamiste. Essai de Giuliana Sgrena (traduit de l’italien par Maria Assunta Mini) .  Casbah Editions , Alger 2015 (Il Saggiatore S.r.l, Milan 2014) , 197  pages, 750 dinars

« La révolution est femme et ,quelque part , elle est en train d’avancer ». La couleur est d’emblée annoncée. L’auteure n’est pas seulement femme et féministe ; elle est ,aussi, une journaliste qui a fait beaucoup de terrain. Principalement notre monde .

Un grand reporter qui connaît le monde arabe contemporain, qui a observé « du dedans » ses composantes sociétales et ses comportements  et qui l’a bien compris.

A travers des exemples bien précis et bien documentés, tout en ne perdant pas de vue les situations similaires vécues par les femmes ,  il y a longtemps ou récemment, dans les pays occidentaux, elle parcourt le monde arabo-islamique :

. D’abord l’Arabie saoudite et l’interdiction faites aux femmes de conduire un véhicule automobile , et encore moins de monter à cheval ou de faire du vélo, par peur de « perdre  la virginité » ou de « déformer les ovaires ».

. Ensuite, la Tunisie et les luttes féminines , tout particulièrement après la « récupération » de la révolution puis  la victoire des islamistes, le 23 octobre 2011.

. Puis, l’Egypte (pays d’origine des Frères musulmans et de l’Islam politique) et le viol répété de femmes  démocrates , en pleine place Tahrir , surtout après une certaine alliance (« alliance diabolique qui ne durera pas longtemps »)  entre les forces conservatrices du pays , islamistes et militaires.

. L’Algérie est présentée  à travers les années 2000 afin de voir quels sont les effets  du 5 octobre 1988 sur la vie politique,  mais surtout sur la vie sociale et les comportements à l’égard des femmes . « L’exception algérienne » est, malgré un « climat triste », et une certaine violence quotidienne (qui se fait de la religion un bouclier)  est confirmée.

. La Libye est indescriptible avec son « chaos des milices » et le règne de la loi du plus fort et des « fatwas » des religieux.

. Vient ensuite le Yémen et ses paradoxes…avec un  prix Nobel (Tawakkul Karman)……. voilé .

. Retour en Egypte et sa deuxième Révolution…avec l’intervention de l’armée déposant un leader  islamiste (Morsi) n’ayant pas réussi à résoudre les problèmes du pays, les aggravant même…..et en Tunisie où , sans coup d’éclat et avec beaucoup de négociations (grâce à un Quartet qui , par la suite a obtenu le prix Nobel) , et même « si le diable est dans les détails », une nouvelle Constitution, déjouant le danger islamiste et  avec beaucoup de compromis,  est adoptée.

. Le dernier chapitre est bien moins réjouissant .Des centaines de milliers de victimes. Des millions de réfugiés. Des dégâts matériels inestimables. Des sociétés brisées. Des vies (comme toujours ,d’abord celles des femmes et des enfants) mutilées, et  avec un «  califat »  mû par le fanatisme religieux entre la Syrie et l’Irak  …..Apocalypse now !

L’Auteure : Italienne,c’est une journaliste de guerre connue pour son opposition aux conflits armés et son militantisme pour les droits des femmes . A travaillé pour l’hebdomadaire Guerra e Pace puis pour le quotidien « Il Manifesto ». A séjourné moult fois en Algérie, couvrant, entre autres, les grands événements de la décennie rouge. Enlevée à Bagdad en 2005, détenue durant tout un mois. Auteure de nombreux ouvrages liés à l’actualité dans le monde arabe. Prix (algérien) international de journalisme Omar Ourtilane en 2005 (elle est, aussi, membre du jury depuis la création du prix)

Avis : Du grand reportage, de l’observation minutieuse , de l’analyse qui ne dérange…..que les hommes …..les machos, et les fondamentalistes radicaux

Citations : « Les révolutions ont provoqué une crise d’identité chez le mâle arabe. Le rôle de premier plan joué par les femmes a terrorisé les hommes, et ces derniers ont répondu par la violence pour rétablir l’ordre patriarcal qui garantit leur statut ….La révolution est femme » (p 15), «  La condition féminine est étroitement liée à la nature de l’Etat, laïc ou théocratique, même si un Etat laïc ne reconnait pas automatiquement les droits des femmes «  (p 69), « Dans un pays où la corruption est omniprésente, insister sur l’éthique et la vertu basées sur des principes religieux dont personne n’ose douter, s’avère une carte gagnante » (p 74), «  Chacun n’apprend que de ses propres erreurs, ou alors il croit être exempt de faux pas «  (p 90), « Le devoir d’un journaliste est d’informer, mais sans transformer notre travail en une mission, autrement nous risquerions de perdre notre lucidité, et quand c’est possible, notre objectivité. Comment peut-on continuer à exercer honnêtement ce travail si les journalistes sont devenus une arme de guerre ? » (p 168)